Chevaux mutilés : "ne pas se faire justice soi-même" met en garde la gendarmerie et le parquet de Quimper

Dans la nuit du samedi à dimanche, une mère et sa fille propriétaires de chevaux, armées, ont arrêté deux finistériennes qu’elles suspectaient de mutiler des équidés. Le parquet de Quimper les a convoquées en justice le 14 janvier prochain. Elles risquent jusqu'à 5 ans d'emprisonnement. 

Depuis plusieurs semaines, les attaques sur les chevaux se multiplient engendrant la psychose des propriétaires et des éleveurs d’équidés. Certains n’hésitent pas à sortir le fusil et à contrôler les individus qui leurs paraissent suspects aux abords des pâtures.

C’est ce qui s’est passé ce week-end du côté de Rosporden dans le Finistère. La mésaventure est arrivée à deux jeunes femmes qui rentraient chez elle, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, après leur travail à Quimper.

« Des propriétaires de chevaux ont arrêté le véhicule. Ils étaient armés d’un coupe-coupe et d’une arme à plomb. Les deux automobilistes ont été choquées et ont déposé plainte », indique le colonel Nicolas Duvinage, le commandant du groupement de gendarmerie du Finistère.
 

Il y a un fort émoi des propriétaires de chevaux qui est légitime et c’est légitime également qu’ils souhaitent s’organiser pour surveiller leurs animaux. En revanche, cette organisation mise en place par les propriétaires ne peut pas mener à des contrôles de véhicules sur la voie publique. C’est illicite. Il s’agit d’une prérogative des forces de l’ordre.

Colonel Nicolas Duvinage, le commandant du groupement de gendarmerie du Finistère.


Le parquet de Quimper a entendu ce mercredi deux femmes, la mère et sa fille. L'une agée de 51 ans et l'autre de 23 ans, toutes deux étaient armées d'une machette et d'un fusil à plomb.

Emmanuel Phelippeau, procureur adjoint du tribunal de Quimper, a voulu "marquer le coup". Il les a convoqué en justice le 14 janvier prochain, selon la procédure du plaider-coupable pour des faits de violences en réunion avec armes, sans incapacité et d'immiction dans une fonction publique, pour avoir voulu procéder à un contrôle routier "sauvage".

Elles risquent jusqu'à 5 ans d'emprisonnement, un an de suspension de permis et de verser des dommages et intérêts aux victimes. 
 

 

La pression monte chez les éleveurs

Mais les propriétaires de chevaux sont de plus en plus à cran. Certains passent même des nuits blanches à surveiller leurs bêtes. D’autres disent avoir surpris des tentatives d’intrusion. Fanny (son prénom a été changé), éleveuse de vaches laitières et propriétaire de chevaux de loisirs au nord de Rennes va d’ailleurs mettre ses trois équidés à l’abri dans son jardin cette nuit :
 

Vous trouvez ça normal ? On en a ras-le-bol ! Moi je n’ai pas honte de le dire, mon fusil est chargé et je n’hésiterai pas à tirer s’il le faut. Pas sur les personnes bien sûr, mais je n’hésiterai pas à tirer. Et demain si quelqu’un blesse ou tue l’un de ces individus, il ne faudra pas s’étonner. Il faut bien que quelqu’un défende les chevaux.

Fanny (prénom d'emprunt), éleveuse au nord de Rennes


Pour le colonel Nicolas Duvinage il ne faut surtout pas en arriver à de telles extrémités :
 

On ne peut pas se faire justice soi-même. Je rappelle que la légitime défense est valable lorsque l’on s’attaque à l’intégrité des êtres humains et non à celle des chevaux. Si un propriétaire fait le coup-de-poing ou, pire, tire sur un individu, il sera passible d’une procédure judiciaire. C’est déjà arrivé par le passé pour des commerçants par exemple qui ont fait feu sur des cambrioleurs. Il faut avant tout appeler le 17



« Appeler les gendarmes ? s’étrangle Fanny. Mais ils ne viennent pas ! On m’a même rapporté qu’une personne a surpris deux hommes dans son pré et que la gendarmerie les a laissé partir parce qu’ils n’avaient encore rien fait. Moi, j’ai appelé les gendarmes ce matin suite à une intrusion chez ma voisine, c’est zéro ! Et quand les éleveurs laitiers ont des problèmes avec leurs bêtes, par contre, on leur tape dessus ! »
 

Attention aux rumeurs et aux réseaux sociaux


De son côté, le commandant du groupement de gendarmerie du Finistère met en garde contre « les signalements à l’emporte-pièce ». C’est d’ailleurs parce que le véhicule des deux automobilistes de Rosporden avait été signalé sur les réseaux sociaux que l’incident avec les propriétaires de chevaux s’est produit.

« Il y a beaucoup de personnes qui se montrent vigilantes, même tard dans la nuit, mais chaque fois qu’il y a quelque chose de suspect, une fois encore, il faut le signaler à la gendarmerie. Et c’est à nous, ensuite, de faire les vérifications et les signalements nécessaires »
 

 
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