Depuis ce lundi, les cinémas peuvent enfin accueillir du public, après trois mois et demi de fermeture liée au confinement. A Rennes, l’Arvor, célèbre cinéma d’art&essai de la ville, avait décidé de projeter le film culte «The Big Lebowski » ... dès minuit une, dimanche soir. Ambiance.
Voilà l’image qu’on attendait depuis plus de trois mois. Dimanche soir, minuit une, La foule devant l’Arvor, 186 personnes exactement, avec une expression à la bouche : "ça fait du bien !" "Il faut soutenir les salles d'art et d'essai, notamment à Rennes", confiait un jeune homme dans la file d'attente. "Etre là ce soir, c'est plutôt un acte militant. C'est bien, c'est festif", estimait une autre spectatrice derrière lui.
En peignoir au cinéma
En effet, chacun avait le sourire aux lèvres et certains sont mêmes devenues déguisés, du moins habillés... en peignoir. Un accessoire vestimentaire qui rend hommage à "Dude", héros du film projeté : "The Big Lebowski", une oeuvre culte sortie en 1995 de l'imaginaire des frères Cohen. Un film pas choisi par hasard. "The Dude est aussi confiné. Son image a d'ailleurs beaucoup circulé sur les réseaux pendant le confinement, c'est un clin d’œil. Et c'est un film qui emprunte un peu à tous les codes du cinéma, l'action, l'humour, le fantastique, explique Eric Gouzannet, le coordinateur de l'Arvor. On avait envie de se faire plaisir".
Emotion et soulagement
A minuit moins cinq, le même Eric est à la fois ému et soulagé quand il parcourt la foule qui se presse devant le cinéma. "On n'a pas travaillé pour rien" se dit-il.
#TousAuCinéma
— Cinéma ARVOR ? (@Cinema_ARVOR) June 21, 2020
Un grand merci aux spectateurs d’être là ! ? pic.twitter.com/i8gT0RZFfV
"Cinq, quatre, trois, deux, un..." Quand minuit sonne, les tous premiers spectateurs de la file d'attente et l’équipe de l’Arvor improvisent un décompte. Les uns et les autres sont heureux de se revoir. La dernière séance, c'était le... 14 mars dernier.
Attention, à l’intérieur, tout n’est pas comme avant. Port du masque conseillé, marquage au sol pour respecter autant que possible les distances, et dans les deux salles, la jauge est réduite à 50%. Un protocole sanitaire qui restera effectif encore quelques semaines.
Par ailleurs, seules trois séances par salle et par jour seront programmées dans un premier temps, contre cinq habituellement. "Ceci afin de contenir les croisements de foule", précise Patrick Frétal, directeur du cinéma.
Budget : un équilibre précaire
Quoiqu'il en soit, le succès populaire ce dimanche soir faisait chaud au cœur. Mais l’avenir reste flou : le point d’équilibre est à 120 000 entrées à l’année. En 2020, il pourrait y en avoir 75 000. Un déficit plombant mais l’Arvor se veut confiant. La magie du cinéma doit continuer à opérer.