Emmanuel Macron a annoncé, lundi, que le confinement serait progressivement levé à partir du 11 mai. Il s'est aussi engagé sur les masques, les tests etc... Le professeur Revest, infectiologue au CHU de Rennes revient sur ces annonces.
Le professeur Matthieu Revest est médecin au service des maladies infectieuses et réanimation médicale au CHU de Rennes et enseignant en infectiologie à l'université de Rennes 1. Lorsqu’Emmanuel Macron s’est exprimé, il était de garde en réanimation au CHU de Rennes. Une garde plutôt calme en ce début de soirée, qui lui a permis de suivre l’allocution dans son intégralité.
Depuis une bonne semaine l’activité est en nette baisse, dans le service. Pour autant, il ne s’agit pas de crier victoire, pondère-t-il. Il convient de rester prudent et il faudra encore un laps de temps important après la baisse du nombre d’hospitalisations et de décès avant de lever le confinement.
"Prolonger le confinement de quatre semaines me paraît raisonnable et a priori suffisant eu égard à l’évolution de l’épidémie actuellement. J’imagine que si elle n’évoluait pas comme on le pense, il serait décidé d’adapter le confinement."
Concernant la réouverture des écoles le 11 mai, Matthieu Revest estime que c'est une bonne chose : "Il est vrai qu’on a dit, moi le premier, que les enfants étaient d’importants vecteurs du Covid-19. C’était en nous basant sur ce qui se passe pour la grippe. De plus en plus, il semblerait, et pour une raison que nous n’avons pas encore clairement identifiée, que les enfants jouent finalement un rôle mineur dans la diffusion du Covid-19. Donc cela ne me paraît pas irresponsable de les faire retourner à l’école"De plus en plus, il semblerait, et pour une raison que nous n’avons pas encore clairement identifiée, que les enfants jouent finalement un rôle mineur dans la diffusion du Covid-19
Nous savons déjà que très peu de personnes, en France, ont finalement été réellement en contact avec le virus. Trop peu pour que l’on puisse compter sur une immunité de groupe. Il serait donc inutile d’organiser ces tests sanguins en masse.
Des tests étendus
Quant aux tests, Emmanuel Macron s'est engagé à ce que toute personne présentant des symptômes soit testée. "Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, ça n'aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin", a ajouté le chef de l'Etat.
? "Le 11 mai, nous serons en mesure de tester toute personne ayant un symptôme", déclare Emmanuel Macron. "Les personnes ayant le virus pourront être placées en quarantaine"
— franceinfo (@franceinfo) April 13, 2020
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Le professeur estime que c’est important de pouvoir tester, identifier et isoler les malades dès l’apparition dès premiers symptômes afin d’éviter l’apparition de cas secondaires.
Selon lui, cela se fera pas le biais de tests naso-pharyngés au moyen d’un écouvillon nasal "dont on sait la fiabilité relative" : "Néanmoins, nous avons aujourd’hui une meilleure connaissance de la maladie et ces tests s’ajoutent aux signes cliniques et, éventuellement, un scanner. En revanche, le Président est resté assez évasif sur les tests sérologiques et on peut comprendre pourquoi. Nous savons déjà que très peu de personnes, en France, ont finalement été réellement en contact avec le virus. Trop peu pour que l’on puisse compter sur une immunité de groupe. Il serait donc inutile d’organiser ces tests sanguins en masse."
Faut-il généraliser le port du masque?
Au sujet d’une généralisation du port du masque à partir du 11 mai, Matthieu Revest reste "dubitatif quant à l’effet réel du port du masque sur le plan sanitaire, car dit-il, il faut le porter parfaitement bien, le changer régulièrement. Porter un masque ne doit pas inciter les gens à s’affranchir de la distanciation sociale et d’une hygiène des mains scrupuleuse. "
Après cette nouvelle allocution du Président de la république et alors que la situation donne quelques lueurs despoir sur le front de la lutte contre le Covid-19, le professeur Matthieu Revest estime que ce qu'il a entendu me paraît "tout à fait raisonnable". C’est ce qu'il attendait. "Emmanuel Macron a parlé sans dogmatisme en s’appuyant sur des réalités scientifiques et épidémiologiques. C’est ce que nous, médecins, attendons. Par ailleurs, il a bien noté que les soignants des hôpitaux n’étaient pas suffisamment payés."
Appel aux autres patients : où sont-ils?
Aujourd’hui, son inquiétude c’est d’être sans nouvelle des autres patients, ceux qui sont sans lien avec le coronavirus et qui ne consultent plus. "Or il n’ont pas disparu ! dit-il. Il faut absolument qu’ils reviennent voir les médecins. Dans les établissements de santé comme dans les cabinets, les circuits sont parfaitement différenciés. Il n’y a aucun risque de contamination croisée."