Coronavirus : en Bretagne, les pardons doivent se réinventer

Alors que troménies et pardons viennent d’être inscrits à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, leur organisation est particulièrement compliquée cet été en raison du coronavirus. Exemple à Plévin et Sainte-Anne d’Auray.
 

Chaque année à Plévin, deux pardons, l’un en janvier, l’autre à la mi-juillet, rendent  hommage au Père Maunoir et attirent la foule en l’église Notre-Dame. Mais cette année, les fidèles et le prêtre ont dû se résoudre à un rituel peu habituel.
 

Offices masqués et processions limitées


Tout au long de la cérémonie, la centaine de personnes présentes a été contrainte de garder le masque, chacun se tenant à bonne distance de ses voisins.

Dans l’église, un banc sur deux avait été condamné afin d’éviter une trop grande promiscuité. Quant à la procession qui d’habitude se déroule dans le village, elle a été réduite à sa plus simple expression, à l’intérieur même de l’église.

" C’est très compliqué, confiait avec son petit accent britannique, le père Peter Webb, chargé ce jour-là de célébrer la messe. Pour la communion, j’ai dû mettre mon masque et avec mes lunettes, je ne parvenais pas à voir les hosties."
 
Pas de quoi rebuter le prêtre et ses paroissiens, soucieux de commémorer le souvenir du Père Julien Maunoir qui a marqué le Centre-Bretagne. 

Avant de s'éteindre à Plévin en janvier 1683, ce père jésuite, surnommé Tad Mad -le bon père- , a toute sa vie porté la bonne parole dans les campagnes bretonnes. Selon la légende, il aurait même reçu d’un ange le don de la langue bretonne. Une vie exemplaire qui lui a valu la béatification en 1951.
 

Seule consolation, la cérémonie a pu avoir lieu à la date prévue, ce qui n’est pas le cas de la plupart des 1200 pardons qui se déroulent en Bretagne chaque année. Au printemps et jusqu’à la mi-juillet, beaucoup ont dû être annulés ou pour le moins allégés.

Pour tous ceux qui ont pu ou vont avoir lieu, même obligation. Ils doivent se dérouler dans le respect des mesures sanitaires.


A Sainte-Anne d’Auray, un Grand Pardon inédit


Ce sera le cas le week-end prochain du 25 et 26 juillet à Sainte-Anne d’Auray dans le Morbihan. Le sanctuaire accueille son traditionnel Grand Pardon qui habituellement réunit aux alentours de 20 000 fidèles.

Impossible cette année de concentrer autant de monde dans la basilique et à l’extérieur. Il a donc fallu réfléchir à une nouvelle organisation. Mais le recteur du sanctuaire, le père Gwenael Maurey est confiant.

« J’ai envie de positiver. Cela nous oblige à faire autrement et à nous réinventer. »

Père G. Maurey

Au lieu des deux messes traditionnelles le samedi soir et le dimanche matin, dix offices seront célébrés tout au long du weekend end, dont un en breton samedi à 18h.
 

L’idée est de diviser le nombre de fidèles car la basilique ne pourra pas en accueillir plus de 200 et le parvis, 500. Pour espérer pouvoir y assister, il faut donc s’inscrire via internet ou par téléphone. Et ne pas perdre de temps car deux des messes du dimanche sont déjà complètes.

"Alors qu’habituellement un seul évêque préside les cérémonies, les cinq évêques de la Bretagne historique seront là et présideront les messes, c’est une première, se réjouit le recteur. Les autres offices seront présidés par les recteurs des grands sanctuaires bretons ".


Des animations tout l’été


Mais à Sainte-Anne d’Auray, les festivités ne se limitent pas au seul dernier week end de juillet. Depuis le 15 juillet, des processions aux flambeaux ont lieu deux fois par semaine, les mercredis et samedis soir à 21h30.

Et en plus des visites quotidiennes, le site accueille des concerts trois fois par semaine. De quoi attirer les visiteurs qui sont au rendez-vous comme le constate sœur Yolande, chargée de l’accueil et installée dans un joli chalet en bois à l’entrée de la basilique.

" Depuis début juillet, on voit passer au moins 700 personnes par jour ". Des visiteurs qui peuvent entrer dans l’édifice par petits groupes et dûment munis d’un masque.

"On a beaucoup plus de contacts avec les fidèles", se réjouit la religieuse qui préfère voir le bon côté des choses.

D’ailleurs, pour faire face à l’affluence, le père Joël, responsable de la pastorale des jeunes, espère recruter de nouveaux bénévoles cet été.

" Depuis l’an passé, nous faisons appel à des jeunes de toute la France. Ils sont chargés d’accueillir les pèlerins et participent aux temps de prière. Ils peuvent venir passer huit ou quinze jours. Ils sont hébergés et nourris gratuitement. Mais cette année, en raison de la crise sanitaire, ils sont moins nombreux ", se désole le père Joël. Il attend donc de nouvelles candidatures.
 

Bien sûr, chacun ici espère que la Covid ne sera plus qu’un mauvais souvenir en 2021 mais le virus aura tout de même eu le mérite de chambouler les règles établies et pas forcément pour le pire.
 
"A l'avenir, au lieu de concentrer le Pardon de Sainte-Anne le 26 juillet, on essaiera de l’étaler dans le temps, c’est plus intéressant ", conclut le père Maurey avant de repartir à ses occupations. Et ces jours-ci, il n’en manque pas.


Pour s’inscrire aux messes des 25 et 26 juillet : http://www.sainteanne-sanctuaire.com ou 0805 384 242
 
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