Avec le report de la rentrée post-confinement des lycéens se repose la question du maintien de l'oral du bac de français.
Des enseignants plaident pour une annulation. Pour le ministère de l'Education nationale, l'épreuve est toujours d'actualité.
Le retour en classe doit normalement s'étaler tout au long du mois de mai pour les élèves de maternelle, du primaire et du collège. En revanche, pour les lycéens, la question n'a pas encore été tranchée. Une hypothétique reprise des cours ne pourrait avoir lieu que début juin.
Pour les élèves de terminale, l'horizon est clair : les épreuves du baccalauréat ont été purement et simplement annulées au profit du contrôle continu.
Pour les élèves de première, la situation est différente. L'oral de français a été maintenu. L'épreuve va durer environ 20 minutes.
La première partie est consacrée à l'étude d'un texte parmi une liste étudiée en classe et à une question de grammaire. La deuxième partie est un entretien sur une œuvre librement choisie par l'élève.
Mais le calendrier imposé par la crise sanitaire n'est visiblement plus en phase avec la réalité du rythme scolaire.
Un programme loin d'être bouclé
Le ministre de l'Éducation nationale a fait un geste en réduisant le nombre de textes à étudier : 15 pour les filières générales, 12 pour les filières technologiques.
Mais cet allègement ne règle pas tout pour le corps enseignant.
"Nous n'en sommes qu'à la moitié de l'objectif que l'on nous a assigné. Actuellement, nous sommes plutôt autour de cinq, six textes. Boucler le programme nous paraît impossible", explique Evelyne Debretagne, enseignante au Lycée Ernest Renan à Saint-Brieuc.
Pour Chloé, lycéenne rennaise, si les échanges à distance avec ses professeurs l'ont rassuré, la question de grammaire, nouveauté du bac français, pose problème. "On devait l'aborder en fin d'année. C'est un exercice très précis. Il faudrait que nos professeurs soient à nos côtés pour nous répondre en temps et en heure. C'est ce qui nous manque actuellement ", avoue l'élève.
Des règles sanitaires garanties ?
Pour certains syndicats enseignants, le bon déroulement des épreuves n'est pas garanti.
"Il revient au ministre de prendre une décision liée à la sécurité sanitaire des élèves et des enseignants. Une décision qui permette aussi aux élèves de retrouver une sérénité dans un contexte très stressant. C'est très simple : il faut annuler l'épreuve ", estime Gwenaël Le Paih, responsable académique du SNES-FSU Bretagne .
Une demande relayée par une pétition lancée par le collectif Lettres Vives (professeurs de lettres) et l'Afef, l'Association française pour l'enseignement du français.
Elle a déjà recueilli près de 52 000 signatures.
Du côté du ministère de l'Education nationale, cette décision du maintien de l'épreuve pourrait être toutefois amenée à changer au vu de l'évolution du contexte sanitaire.
"Si en juin nous jugions que les conditions sanitaires ne le permettent pas, alors on transformerait ça en contrôle continu en utilisant la note de français d'écrit. Mais il est préférable, quand on le peut, de maintenir un examen terminal. Il n'y a pas de note de contrôle continu en oral de français dans la classe de première, donc pas de référence directe pour le contrôle continu, et ensuite on veut avoir un point de repère pour les élèves. On veut qu'ils s'entraînent actuellement à travailler sur ces textes" a précisé Jean-Michel Blanquer, interrogé mercredi par nos confrères de BFM.
Ce que fait résolument Chloé qui a choisi d'étudier "Phèdre" et les oeuvres de Jean Racine .