Pas d'épreuves de baccalauréat cette année. Les lycéens devront compter sur les notes des trois trimestres pour obtenir leur diplôme. Les cours auront lieu jusqu'au 4 juillet. Réactions en Bretagne.
"La solution la plus simple, la plus sûre et la plus juste". C'est en ces termes que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a qualifié, ce matin, sa décision de ne pas maintenir les épreuves du baccalauréat.
Pour obtenir leur diplôme, les élèves de terminale générale, technologique et des lycées professionnels (CAP, BEP et Bac pro) seront donc "évalués" sur l'ensemble des notes des trois trimestres, à l'exception de celles obtenues durant le confinement. Des jurys "d'harmonisation" examineront les livrets scolaires, "afin, précise encore le ministre de l'Education, de garantir une équité".
Attention aux élèves en décrochage
"C'est une décision qui va dans le bons sens, estime le porte-parole de Sud Education Finistère, Olivier Cuzon. C'est important aussi qu'il y ait ces jurys académiques extérieurs au lycée, ne serait-ce que pour éviter les distorsions entre les différents établissements scolaires. On regrette cependant qu'une épreuve pour la matière principale n'ait pas été symboliquement maintenue. On a déjà un certain nombre d'élèves qui ont décroché pendant ce confinement. On craint que d'autres ne le fassent aussi et perdent une motivation à travailler puisque l'examen final est supprimé."
Du côté du SNES-FSU en Ille-et-Vilaine, "le ministre propose une solution qui pourra s'adapter quelque soit le calendrier, remarque Gwenaël Le Paih, secrétaire du syndicat. Le fait que le troisième trimestre soit pris en compte dans les notations, c'est une bonne chose. Mais il faudra faire attention aux différences de niveaux entre les élèves qui auront travaillé durant la période de confinement et ceux qui auront pris du retard, voire décroché"
"C'est une sage décision que de passer au contrôle continu, estime Magalie Icher, présidente de la FCPE 35 (Fédération des parents d'élèves). Nous avions d'ailleurs fait cette demande la semaine dernière au rectorat. La FCPE va se battre pour que les conseils de classe aient lieu le plus tard possible cette année. Il faut absolument que l'engagement et l'assiduité soient valorisés. Personne ne doit partir en vacances avant le 4 juillet". Seul regret de la FCPE 35 : l'absence d'annonce pour Parcoursup, "nous aurions aimé que le ministre annonce un prolongement des délais de clôture" ajoute Magalie Icher.
#BAC2020 #brevet2020 Dans les circonstances exceptionnelles que nous connaissons, les modalités d’examen sont modifiées pour tenir compte des impératifs sanitaires, logistiques et pédagogiques pic.twitter.com/z1WLs4kcpy
— Ministère de l'Éducation nationale et Jeunesse (@EducationFrance) April 3, 2020
"Une année compliquée et perturbée"
L'assiduité, un élément martelé aussi par Jean-Michel Blanquer qui en fait même "une condition sine qua non pour obtenir le diplôme". Les cours auront donc bien lieu jusqu'au 4 juillet, si les conditions sanitaires sont remplies. "A ceci près, constate Alain Lozac'h, professeur de sciences économiques au lycée Pierre Guéguin à Concarneau, dans le Finistère, que l'assiduité fonctionne avec certains élèves et pas avec d'autres, malheureusement". Cet enseignant, qui est aussi professeur principal en terminale, explique qu'avant de mettre les élèves à l'épreuve des notes au troisième trimestre, "il faudra aussi laisser un temps de rattrapage à ceux qui seront en perte de vitesse".
Sébastien Ménès, professeur de mathématiques au lycée de Morlaix, s'attendait à cette décision, "compte tenu du fait que l'année a déjà été compliquée et perturbée". Il trouve "cohérent" de faire appel à des jurys académiques qui, précise-t-il, "seront certainement configurés selon un schéma habituel, à savoir avec des enseignants qui auraient corrigé les copies si le bac avait eu lieu".
"C'est équitable"
Emma, élève de terminale S dans un lycée de Rennes, confie sa déception. "Le bac, dit-elle, on ne le passe qu'une fois dans sa vie. Donc pour le fun et le symbole, j'aurais aimé le passer". Elle pense également à ses "copains qui ont préparé un concours cette année et qui ont délaissé un peu le contrôle continu. Pour eux, c'est la double peine puisque le concours sur lequel ils ont misé est annulé aussi."
Pour Tony, qui est en terminale STMG à Brest, "passer le bac sous sa forme normale en supprimant quasiment un trimestre aurait été trop difficile, parce que c'est dur de travailler à distance pendant le confinement, même en visioconférences pour certains cours".
Ce lycéen brestois trouve néanmoins que le contrôle continu est une solution "équitable. Ceux qui ont fourni un travail de qualité pendant l'année seront récompensés. Par contre, pour ceux qui ont des difficultés et qui comptaient sur l'épreuve pour se rattraper, ce sera dur."
A noter que les élèves qui auront une moyenne comprise entre 8 et 9,9 sur 20 devront passer un oral de rattrapage en juillet. Quant à ceux qui n'auront pas obtenu leur diplôme, ils pourront se présenter aux épreuves du bac en septembre, si le jury d'harmonisation donne son aval.