Les restaurants peuvent-ils rouvrir le 15 juin, comme cela a été avancé par certains ? Pour le moment, le gouvernement n'a rien confirmé. Une réunion de travail doit se tenir sur cette question ce vendredi 24 avril. Les restaurateurs contactés, eux n'arrivent pas à envisager cette possibilité.
Comment permettre aux restaurants, bars, brasseries, cafés d'accueillir à nouveau du public en garantissant leur sécurité ? C'est le défi de tout un secteur actuellement dévoré par l'incertitude et les charges (et dont 40% risquent de faire faillite).
Certaines solutions s'esquissent pourtant : comme le fait de laisser une certaine distance entre chaque table ou de ne recevoir les clients que sur réservation. "Il faut à tout prix rassurer le client. Les mesures d'hygiène de base et de bon sens, comme du gel hydroalcoolique, sont indispensables" explique Bernard Haultcoeur de l'agence Captivate spécialisée dans la communication à destination des restaurateurs.
"D'autres pistes sont aussi possibles comme l'ouverture sur des horaires étendus afin de permettre une désinfection entre les clients, la suppression des carafes d'eau, la prise de température des serveurs avant chaque début de service."
"Mettre une table sur deux, tout désinfecter entre chaque client ça va être très compliqué"
"Impossible", "irréalisable", "inenvisageable". Les qualificatifs ne manquent pas aux professionnels du secteur pour qualifier une possible réouverture de leur commerce au 15 juin. Pour le gérant du Tir Na N'og un bar brasserie du centre de Brest, la réouverture n'est possible "ni dans trois semaines, ni dans un mois et demi... sauf miracle".
Dans cette atmosphère confinée et chaleureuse qui fait, en temps normal, le succès de ce pub irlandais de la rue de Siam "impossible de respecter la distanciation sociale entre les clients". Le personnel pourra bien porter des gants et des masques, mais il nous faut au moins 50 couverts pour être à l'équilibre et vu la salle, nous ne pourrons pas mettre 1,5 mètre entre chaque client" explique Tangi Peton, le gérant.
Même sentiment à Rennes, à la Timonerie une brasserie, qui travaille principalement avec les bureaux et les touristes. "J'ai hâte de reprendre mon activité" reconnaît Laurence Truet la propriétaire. "Mais mettre une table sur deux, tout désinfecter entre chaque client, ça va être très compliqué."
Au-delà de la distance entre les clients, comment servir une table sans s'en approcher ? "La restauration est un métier de service où l'on est auprès des gens". Les faire choisir un menu à l'avance par internet, ça n'a pas de sens pour nous" explique Loïc Le Saux responsable du restaurant le Char'lo à Douarnenez.
Installé depuis moins d'une année au port de Tréboul, le restaurateur raconte : "Venir au restaurant c'est découvrir des choses, être inspiré par l'histoire du plat, la provenance des produits et les artisans avec qui on travaille. Comment faire ça par internet ? C'est transformer le restaurant en traiteur."
En restauration comme en crise sanitaire, tout est dans la mise en place, la préparation
Selon le sentiment général, être à 50% de sa capacité de couverts semble une situation financière impossible à tenir pour ces restaurateurs. "On préférerait retarder l'échéance et ouvrir dans des conditions normales" assure Juliette Galiton, propriétaire de la crêperie Les Pipelettes à Rennes. "On perdrait [de l'argent] à rouvrir trop vite" abonde le gérant du Tir na n'og à Brest.
D'autant qu'un retour à l'activité obligera les restaurateurs à cumuler les casquettes. "Imaginez une table de six. Il va nous être impossible de faire la police et demander si le confinement a été fait ensemble ou pas, si les gens font partie de la même famille !" annonce Juliette Galiton des Pipelettes.
Bernard Haultcoeur de Captivate le reconnaît, "il y a beaucoup de travail à prévoir et le gouvernement doit annoncer la date de réouverture au moins une semaine à l'avance de façon à ce que les restaurateurs puissent s'adapter." Certains ont déjà pris les devants comme ce restaurateur bio à Brest qui a mené une levée de fonds sur Kengo.bzh pour préparer la reprise et transformer son restaurant.
Tous voudraient que le plaisir et la convivialité de se retrouver au restaurant ne rime pas avec anxiété. Néanmoins dans la bouche de ces restaurateurs, une question persiste. Les clients auront-ils envie de revenir manger au restaurant ?
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Un message d'espoir ?
Sur les réponses collectées ci-dessus, un peu plus d'une personne sur deux se déclare prête à retourner au restaurant lors de leur réouverture. Ce signal, même modeste, pourra peut-être rassurer les professionnels qui doivent se réinventer pour le "monde d'après".Dans ce long post partagé 265 fois sur Facebook, les propriétaires des restaurants Bercail et Pénates, à Rennes, appelle tout le secteur des banques et assurances à se réinventer à leurs côtés.