Coronavirus : le témoignage d'une journaliste bretonne correspondante en Italie

La Finistérienne Anne Le Nir est correspondante à Rome pour RFI, RTL, et La Croix. Elle signe, avec d'autres journalistes qui couvrent en Italie la crise du Covid-19, une tribune dans Libération. Un texte qui appelle les dirigeants européens à prendre la mesure du danger. Appel à la population aussi


Anne le Nir est finistérienne, et partage sa vie entre la région de Quimper et l'Italie, où elle est correspondante pour RFI, RTL et la Croix. 

Ce vendredi 13 mars, elle signe, avec d'autres journalistes francophones présents sur place, une tribune dans le journal Libération qui appelle "les dirigeants français et européens à prendre enfin la mesure du danger face à la progression fulgurante du coronavirus", une tribune rédigée avant l'intervention du président Emmanuel Macron jeudi soir

"Journalistes en Italie pour des médias français et francophones, nous couvrons depuis le début la crise épidémique du coronavirus dans la péninsule. Nous avons pu constater la progression fulgurante de la maladie et avons recueilli les témoignages du personnel de santé italien. Beaucoup nous font part de la situation tragique dans les hôpitaux, les services de thérapie intensive saturés, le triage des patients, ceux – les plus faibles – que l’on sacrifie faute de respirateurs artificiels suffisants."


"Sélectionner les patients, c'est atroce" 


Jointe à son bureau de Rome, Anne Le Nir raconte "ces images de tentes avec des personnes alitées sous des couvertures de survie. Et les médecins qui doivent sélectionner les patients qu'ils vont pouvoir intuber, ou pas, pendant que d'autres vont devoir attendre, faute de moyens. C'est atroce. D'autant, ajoute la journaliste bretonne, qu'environ 1000 médecins, infirmières, techniciens des hôpitaux ont aussi à été contaminés dans le pays, une cinquantaine sur la seule ville de Bergame"

"Je sais, ajoute Anne Le Nir, qu' Emmanuel Macron est intervenu hier à la télé. Mais je sais aussi qu'en France, comme en Italie, tous les hôpitaux ne sont pas non plus équipés de la même façon. L'hôpital de Quimper n'est pas l'hôpital Cochin".

"Nous expliquons dans notre tribune que certains Français n’ont pas conscience qu’en cas de pathologie grave, autre que le coronavirus, ils ne seront pas pris en charge correctement faute de places, comme c’est le cas en Italie depuis plusieurs jours. Soulignons aussi que le système sanitaire impacté aujourd’hui est celui du Nord, soit le meilleur d’Italie, un des meilleurs en Europe."


Sensibiliser la population française


A sa fenêtre à Rome, Anne Le Nir raconte aussi la vie dans les rues de la capitale, "les masques, le silence déroutant dans une ville connue pour son effervescence. On ne s'embrasse plus, alors qu'ici c'est machinal, on marche vite. Les gens ont peur". 

En Italie, on dénombre à ce jour 15.000 personnes contaminées et 1016 morts. "Pour rassurer la population, les autorités qui prennent la parole le soir à la télé commencent maintenant par annoncer le nombre de guéris. Les nouveaux cas, et les décès viennent après".   

"Hors d’Italie, il n'y a plus de temps à perdre", écrivent Anne Le Nir et ses collègues francophones dans la tribune publiée dans le journal Libération. "Nous estimons qu’il est de notre devoir de sensibiliser la population française."

 

Appel à la responsabilité, et notamment chez les jeunes


"Souvent, les retours qui nous arrivent de France montrent qu’une grande partie de nos compatriotes n’a pas changé ses habitudes. Ils pensent qu’ils ne sont pas menacés, surtout lorsqu’ils sont jeunes. Or, l’Italie commence à avoir des cas critiques relevant de la réanimation dans la tranche d’âge 40-45 ans." 
  

"En Italie, les jeunes ont cru longtemps qu'ils ne seraient pas ciblés par le virus, relate Anne Le Nir. On sait que c'est faux, ils peuvent en être les vecteurs, et l'on a donc désormais des cas de quadras en thérapie intensive. Il n'y a pas que les personnes très âgées."


Renoncer quelques temps à ces habitudes de vie, pour écourter la crise 


"Il faut qu'en France, tout le monde en ait conscience, se sente concerné. Les jeunes en particulier. Que l'on sache renoncer quelques temps à nos habitudes de vie pour que la crise ne dure pas indéfiniment", conclut la journaliste bretonne. 
 
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