Le laboratoire Sanofi vient une nouvelle fois d'être mis en examen dans l’affaire Dépakine. Son antiépileptique pourrait être responsable depuis 1967 de malformations ou de troubles chez 15 à 30 000 enfants exposés in utéro. Témoignage d’une bretonne dont la fille est née handicapée.
Elles accusent le groupe pharmaceutique d'avoir tardé à informer des risques du médicament pour les femmes enceintes. Le groupe français était déjà poursuivi depuis février pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires".
Risque accru de troubles et de malformations
Commercialisé depuis 1967 par Sanofi, principalement sous le nom de Dépakine, le valproate de sodium est un médicament aux vertus antiépileptiques qui a révolutionné la prise en charge de cette maladie.
Selon la Haute autorité de santé (HAS), cette molécule "entraîne un risque accru" de troubles du développement cérébral (cognitifs, autistiques, comportementaux) chez les enfants exposés in utero, c'est-à-dire dont les mères enceintes ont suivi le traitement.
Pour l'Agence du médicament (ANSM), "les enfants exposés pendant la grossesse aux médicaments à base de valproate ou ses dérivés présentent un risque élevé de malformations congénitales ainsi qu'un risque accru de troubles graves du développement".
Jennifer, maman d'une enfant Dépakine : "On culpabilise, alors qu'on n'y est pour rien ! C'est dur."
Le valproate de sodium serait responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants, selon des estimations de l'Assurance maladie et de l'ANSM.
A Pluduno dans les Côtes d’Armor, la nouvelle mise en examen de Sanofi est accueillie avec satisfaction par Jennifer Simon, qui dit avoir la "rage" contre le laboratoire.
Cette jeune maman a suivi pendant de longues années un traitement contre l’épilepsie, sans avoir été informée des risques encourus. Sa fille, âgée aujourd'hui de 10 ans, est née handicapée.
Nouvelle étape vers un procès ?
Selon le quotidien Le Monde, "l'information judiciaire vise désormais à déterminer si le laboratoire peut être tenu responsable de la mort en 1990, 1996, 2011 et 2014, de quatre bébés âgés de quelques semaines ou quelques mois, dont les mères, au cours de leurs grossesses, avaient pris de la Dépakine".
Pour l'avocat Jean-Christophe Coubris, qui défend des victimes de la Dépakine, "Sanofi ne pouvait pas ignorer le danger de son médicament pour les femmes enceintes, et ce depuis des dizaines d'années".
A ses yeux, cette nouvelles mise en examen est une étape supplémentaire vers un procès.
De son côté, le groupe Sanofi dit avoir "respecté ses obligations d'information et conteste le bienfondé de ces poursuites", et indique avoir "saisi la chambre de l'instruction afin de contester sa mise en examen".
Il met en avant le fait que "l'ensemble de ces éléments ne préjuge en rien de la responsabilité du laboratoire".