Agriculteurs, agricultrices, ils sont de plus en plus nombreux à s'emparer des réseaux sociaux. Une nouvelle porte qui s'ouvre à eux pour partager leur quotidien et leur passion. Les Chambres d'agriculture proposent même des formations.
Paysan Heureux, Elodie Le Mailloux dans le Morbihan, Sophie Jézequel ou encore La ferme de Marie-Jeanne, agriculteurs et agricultrices occupent désormais de plus en plus le terrain sur les réseaux sociaux.Des amours ! #CeuxQuiFontLeLait pic.twitter.com/Q7Ut1k5CUN
— ELO LM (@EloLeMailloux) January 30, 2018
Cindy, 30 ans, possède une exploitation avec son mari à Maël-Carhaix où ils produisent du lait. La jeune femme aussi utilise les réseaux sociaux, Facebook depuis longtemps, Instagram depuis un an. Pour l'instant, elle explique tout mélanger : vie personnelle et professionnelle. Elle y publie des photos sur la vie à la ferme mais aussi ses créations manuelles. Depuis quelques temps, elle a décidé de se recentrer sur son activité, de créer des pages dédiées. Elle a ainsi suivi la formation proposée par la Chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor.
Je veux montrer le bon côté des choses
Cindy a déjà beaucoup réfléchi à ce qu'elle veut montrer. Pour elle, pas question d'évoquer les difficultés liées au métier, elle souhaite se concentrer sur des pensées positives car dit-elle "la crise touche tout le monde, pas seulement l'agriculture. Dans tous les secteurs, il y a des hauts et des bas." "J'ai envie de faire découvrir le métier, comment ça fonctionne, la technique comme par exemple les salles de traites avec les décrochages automatiques." Elle constate un fossé entre les générations d'agriculteurs et l'image parfois vieillotte qui continue de leur coller à la peau. "Je suis une chef d'entreprise" rappelle t-elle, loin de l'image classique du paysan.
Les aspects positifs elle en compte plein : une vie de famille plus facile à gérer, un métier passion au contact des animaux, la découverte d'une journée dont on ne sait jamais à l'avance comment elle se déroulera. Grâce à la formation, elle a pu mettre de l'ordre dans ses idées, apprendre comment raconter, quoi montrer. Elle a tout de même une appréhension : les commentaires. Comment les gérer ? "Je n'ai pas envie d'avoir des mauvaises critiques." explique t-elle.
Les réseaux sociaux une nouvelle porte qui s'ouvre
Valérie Dahm a animé la formation d'une journée. Son rôle ? Partir de chacun des participants, de leurs envies et les aider à appréhender ces réseaux, au-delà de leurs fonctionnalités.
Ils ont envie et besoin de parler de leur façon de travailler, de communiquer sur les évolutions de leur métier (Valérie Dahm)
C'est bien du contenu dont il s'agit et pour elle les agriculteurs ont beaucoup à dire. "Ils font partie des rares personnes à travailler avec les mondes du vivant (animal, végétal...)" et ajoute "Les agriculteurs vivent en ce moment un grand désarroi, accusés de tous les maux. Il y a aussi le fait que pendant longtemps ils ne se sont pas exprimés eux-mêmes. On a tendance à le faire à leur place. Ce sont souvent les responsables professionnels agricoles qui prennent la parole, toujours sur des questions politiques et syndicales, pas sur le côté pragmatique."
Avec les réseaux sociaux, une nouvelle ère s'ouvre pour ceux qui ont envie de s'exprimer, et aussi d'échanger avec un public qui montre de plus en plus d'intérêt pour ce milieu. "Ils ont en plus des images faciles à montrer. Toutes les saisons, ils peuvent livrer des éléments".
Des réseaux pour interpeller les politiques
David Forge, agriculteur céréalier installé en Indre-et-Loire avait lancé un appel au président par le biais de sa chaîne YouTube. Appel entendu, le président Macron l'a reçu à l'Elysée pour évoquer la mise en application de sa politique agricole.