Avant, elles se déplaçaient avec leur voiture personnelle, avançaient les frais de carburant, payaient l'entretien, l'assurance etc. Depuis novembre 2021, les aides à domicile des Côtes d'Armor bénéficient d'un véhicule de service. L'opération a pour objectif de revaloriser une profession qui peine à recruter. Retour sur expérience.
Des véhicules de service mises à disposition des aides à domicile, c'est l'expérimentation lancée depuis le mois de novembre 2021 par le département des Côtes d'Armor avec l'ADMR22. Le but est d'améliorer les conditions de travail tout en rendant le métier plus attractif.
Dans le secteur du Penthièvre, Gaëlle Denis, aide à domicile de 20 ans d’ancienneté, bénéficie de ce type de prêt. "On fait entre 1000 et 1500 km par mois. Avant, dit-elle, avec mon véhicule personnel, je devais avancer les frais de carburant, les vidanges étaient à ma charge, les réparations aussi lorsque j'avais une panne, avec le risque de voir ma voiture immobilisée. Sans compter l’assurance. Là, ça change quand même un peu la vie, surtout quand le prix du carburant augmente".
Favoriser le recrutement
L’obligation de disposer d’un véhicule personnel était évidemment un frein au recrutement dans une profession où travaillaient environ 218.000 personnes en 2016, mais où il manquerait 50.000 personnes dans le secteur privé, selon la Fédération du service aux particuliers (FESP), et 20.000 dans le secteur associatif, selon la Fédération ADMR
"Il fallait avancer sur ce dossier, souligne Manuela Charlès, la directrice de l'ADMR 22, sécuriser les professionnels dans le cadre de leurs déplacements avec des voitures neuves, confort et en agissant indirectement sur le pouvoir d’achat puisqu’avoir un véhicule de service aujourd’hui est un gain économique pour les salariés"
90 véhicules dans les Côtes d'Armor
Dans les Côtes d'Armor, 90 véhicules neufs ont ainsi été mis à disposition. L’ADMR a reçu le soutien financier du Département. "Ce n'est qu'une expérimentation pour trois ans, nous verrons si nous sommes en mesure de maintenir le dispositif, de l'étendre, explique Christian Coail, le président du Conseil Départemental. "Mais nous avons voté il y a quelques semaines le Schéma des solidarités humaines pour la période 2023/2027. Et nous avons un axe dans ce cadre-là."
Une profession "en manque de reconnaissance"
L'Assemblée des départements de France estime que l'initiative également observée en Dordogne ou en Gironde, "fait partie des bonnes pratiques à valoriser".
Pour Vincent Vincentelli, directeur des politiques publiques de l'UNA, l'Union nationale de l'aide, des soins et services aux domiciles, c'est "un début", mais il faut "inscrire les solutions sur la mobilité dans une véritable réforme du financement de l'aide à domicile".
Les salariés du secteur souffrent d'un manque de "reconnaissance", souligne-t-il. Financièrement, les aides à domicile ont bénéficié depuis 2021 d'une revalorisation conventionnelle à hauteur de 183 euros net par mois pour un agent à temps plein. Mais elles n'ont pas été associées au Ségur de la santé, qui a creusé l'écart avec d'autres professions.
Avec Fabrice Leroy, avec AFP