Une centaine de candidats à l'emploi et une vingtaine de recruteurs ont fait équipe sur le stade d'athlétisme de Redon en Ille-et-Vilaine. L'opération "Du stade vers l'emploi" a pour objectif de faciliter les embauches à travers le sport. Ou comment vivre un entretien professionnel de façon plus détendue.
Qui est qui ? Qui fait quoi ? A première vue, tou(te)s ont des baskets aux pieds sur la piste du stade d'athlétisme de Redon. Pour l'instant, l'anonymat est parfait. Des femmes, des hommes de tous les âges vont faire équipe. Au programme : de la course ( sprint et endurance ) du lancer, du triple-saut.
Ils le savent : il y a de l'embauche dans l'air. L'opération "Du stade vers l'emploi" démarrée en 2019 partout en France fait escale pour la première fois en Bretagne. Avec l'ambition de faire tomber quelques barrières entre chômeurs et chefs d'entreprise. L'idée c'est de créer des liens plus humains autour du sport avant passer aux entretiens.
Pour Yohann Jolly, vingt ans, en recherche d'emploi, c'était l'occasion de lier l'utile à l'agréable. "C’est ma conseillère Pôle emploi qui m’a proposé. On est dehors, on fait du sport, on ne sait pas qui recrute, qui cherche un emploi. C'est plus simple, plus naturel. On rencontre du monde, on s’amuse. J'espère aussi décrocher un job dans l'armée"
Le savoir-être, une priorité
Etre bon en sport n'est pas un pré-requis. C'est plutôt l'humeur, la capacité d'écoute, l'esprit d'équipe qui priment Les candidats ont d'abord été sélectionnés par Pôle emploi. En fonction de leurs aspirations et de leur parcours. En rassemblant tout le monde en jogging sur une piste d'athlétisme, l'idée est aussi de casser les codes et d'ouvrir le recrutement à des candidats qui ne seraient pas venus dans d'autres circonstances.
C’est une façon de recruter les candidats sur leur savoir-être relationnel, humain, qui sont transposables dans le monde professionnel. On n’aurait pas forcément recruté les mêmes candidats derrière un bureau.
Audrey Josse, directrice de l'agence Pôle emploi de Redon
Les recruteurs participent également sur proposition de Pôle emploi. Aucun n'a refusé. Ils sont venus avec environ trois cents postes à pourvoir, dans des secteurs qui peinent à recruter : la santé, la restauration, l'aide à domicile.
Après la pause déjeuner, l'anonymat tombe. Chaque chef d'entreprise se présente. Les entretiens peuvent commencer dans les tribunes.
Laurent Béjard, directeur d’une structure d’aide à domicile, est venu avec cinq postes vacants. Il apprécie cette nouvelle façon de prendre contact. A l'opposé de ce qui se fait habituellement.
"Cela permet d’humaniser les rencontres entre employeurs et candidats. Aujourd’hui c’est assez anonyme, les gens postulent par internet. On ne croise pas les regards, on ne discute pas forcément aisément avec les demandeurs d’emploi. J’ai trouvé ça très original de pouvoir se rencontrer à travers une activité sportive."
Ouvrir le champ des possibles
Les ateliers du matin ont permis de révéler des talents. Dans les deux camps. L'atmosphère est plus détendue pour tou(te)s. Les candidats se sentent mieux dans leurs baskets.
Fanny Roussel vient du monde de la culture et de l'évènementiel. Elle est actuellement en recherche d'emploi. La jeune femme n'avait pas du tout deviné les situations de ses équipiers.
J’aime beaucoup faire du sport, donc c’était un bon challenge. On y va plus tranquille. On est tous de bonne humeur, là on se parle naturellement. J'ai pris des contacts avec l'armée de l'air et un centre d'appel. Des emplois auxquels je n'avais pas pensé.
Fanny Roussel, en recherche d'emploi
Pôle emploi envisage de renouveler l'expérience à Redon. Peut-être avec d'autres sports ou dans des domaines plus artistiques. L'agence annonce que 60% des candidats participant à ce genre d'opérations trouvent une formation ou un emploi à l'issue de ces rencontres.
Trois autres journées sont programmées en Bretagne. Le 11 octobre à Lorient. Le 20 octobre à Saint-Brieuc. Le 8 novembre à Brest.