Ancienne maire de Guingamp, ancienne députée, Annie Le Houérou siège depuis un an au Sénat. Spécialiste des questions sociales, l’élue costarmoricaine socialiste réagit aux préoccupations du moment concernant la santé et le pouvoir d’achat. Entretien.
Annie Le Houérou est l’invitée de Dimanche en Politique, sur France 3 Bretagne, à partir de 11H25.
Face à l’envol du prix du carburant,un chèque de 100 euros sera proposé à tous les français qui gagnent moins de 2000 euros par mois. Une mesure juste et efficace pour vous ?
C’est une mesure d’urgence et c’est surtout une rustine. Aujourd’hui, le surcoût à la pompe est de 20 euros. Vous faites le calcul : ce chèque ne couvrira que l’équivalent de 5 pleins de carburant.
En fait, ça ne va pas régler le problème du pouvoir d’achat. Aujourd’hui, les gens veulent surtout pouvoir vivre de leur travail. Le PS, lui, plaide surtout par une revalorisation des salaires. Il faut reprendre les négocations entre partenaires sociaux.
Face à la flambée des prix de l’énergie, les Français n’ont pas à demander l’aumône à l’État.
— Sénatrices et sénateurs socialistes au Sénat (@senateursPS) October 21, 2021
100€ pour un mois, ce n’est pas une politique publique. C’est une rustine qui ne règle rien aux problèmes de pouvoir d’achat des Français. 1/3
Le PS, comme le Rassemblement national, plaidait plutôt pour une baisse des taxes de carburant. Ce qui coûtait très cher au budget de l’ Etat…
Le chèque carburant va coûter l’équivalent de 3,8 milliards d’euros. Ce qui correspond à peu près à ce que coûte la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % des ménages les plus aisés.
Tout est une question de choix.
Ce week end , mobilisation des élus et des syndicats pour soutenir l’hôpital de Guingamp. Ses services de chirurgie et de maternité sont menacés de fermeture. La démographie médicale baisse, les déficits augmentent. Les regroupements et la mutualisation sont aujourd’hui inéluctables ?
J’attends des propositions claires du ministère de la Santé et de l’ARS. La priorité aujourd’hui c’est de maintenir l’activité des praticiens hospitaliers. En fait les dépenses liées à l’interim correspondent au déficit des hôpitaux. Tout l’argent qui sert à rémunérer les « mercenaires » qui excercent dans nos maternités devrait d’abord servir à mieux rémunérer les praticiens hospitaliers.
Toujours dans les Côtes d’Armor, dans 4 communes du pays de Rance, la population et les élus se mobilisent, cette fois-ci pour soutenir leur médecin suspendu. Ce dernier refuse de se faire vacciner. Comprenez-vous cette sanction ? N’est-elle pas anachronique dans des territoires menacés par la désertification médicale ?
Je suis pour la vaccination obligatoire et je pense que les médecins doivent donner l’exemple. Mais si l’on stigmatise aujourd’hui les professionnels de santé, pourquoi ne pas demander aussi aux gendarmes ou aux policiers une obligation vaccinale ?
Le PS organise ce week end à Lille un meeting pour Anne Hidalgo. A ses côtés, Martine Aubry, Lionel Jospin ou bien encore Bernard Cazeneuve. L’objectif c’est de relancer une campagne qui patine ?
Nous avons du mal à nous faire entendre mais nous sommes dans le juste quand nous portons le débat sur les questions de solidarité et d’éducation. Anne Hidalgo 'tempère' cette campagne. Elle n’est pas dans les slogans.
Mais, avec pour l’instant 5 % des intentions de vote dans les sondages, son désistement en faveur d’un candidat de gauche mieux placé est il envisageable ?
Cette campagne débute. Anne Hidalgo est une femme solide. Elle a rassemblé autour d’elle une équipe de France des maires qui ont fait leurs preuves. Nous avons des spécificités. Nous avons derrière nous une histoire très forte. Nous devons tenir.