Une loi doit être appliquée à partir du 27 octobre afin de plafonner les rémunérations des médecins intérimaires. Mais face à la pénurie de médecins, ces salaires permettaient, en les attirant de ne pas fermer certains services, pour de petits hôpitaux des territoires ruraux, comme à Pontivy.
A l'hôpital, le recours à l'intérim permet de faire face à la pénurie de médecins, en particulier dans les campagnes. Mais des dérives ont vu des rémunérations atteindre des montants faramineux, conséquence de la loi de l'offre et de la demande. Ce qui est rare est cher, surtout quand il porte une blouse blanche. Parfois plusieurs milliers d'euros pour une garde de 24 heures, pour peu qu'elle tombe pendant les fêtes de fin d'année. Afin de lutter contre certains de ces abus, le gouvernement a décidé de mieux encadrer ces rémunérations en mettant en place des plafonds. Depuis 2016, déjà, des plafonds existaient, mais ils n'étaient jamais réellement appliqués.
La loi Rist doit entrer en vigueur le 27 octobre
Une nouvelle loi promulguée fin avril, la loi Rist, prévoit le "rejet du paiement des rémunérations irrégulières" et leur signalement au tribunal administratif. Prévues pour entrer en vigueur le 27 octobre, ces dispositions mettent en émoi de petits établissements, inquiets quant au devenir de certains de leur services, qui faute de médecins, ne pourraient plus fonctionner.
Une assemblée générale à Pontivy ce jeudi
De nombreux petits hôpitaux sont concernés en Bretagne, à Pontivy, une assemblée générale est annoncée ce jeudi en début d'après-midi, à l'appel du syndicat Sud Santé, afin d'alerter le personnel mais aussi la population de la situation. "L'application de la loi, pourrait engendrer des fermetures de services" remarque Florence Even, secrétaire de la section Sud Santé, qui travaille à la blanchisserie de l'hôpital. La pédiatrie, la maternité, et la chirurgie, avec les anesthésistes sont notamment concernés.
Le gouvernement n'envisage pas les conséquences pour des hôpitaux comme les nôtres. Nous sommes inquiets du devenir du personnel et de ce qui peut advenir pour la population
Une très grosse proportion de médecins sont en effet des intérimaires à Pontivy, des retraités pour beaucoup, indique encore l'agent hospitalier, qui viennent en renfort sur de petites périodes. L'ARS préconise de trouver une nouvelle organisation avec le centre hospitalier de Lorient. La direction envisage de mettre en place des contrats de praticiens-cliniciens, c'est à dire à des rémunérations fixes, mais plus élevées que les plafonds envisagés, comme celles pratiquées dans le secteur privé.
La pénurie de médecins, n'empêche pas la syndicaliste de considérer la situation comme anormale et les rémunérations pratiquées comme très abusives. "On manque de matériel, on manque de tout, et à côté de ça l'hôpital fait des dépenses folles pour recruter des médecins." s'insurge t-elle.
"La différence de traitement entre intérimaires et titulaires n'est pas normale du tout"
Le fait de mieux encadrer les rémunération et de mettre en place des plafonds, devait avoir pour conséquences de réaliser une économie pour les hôpitaux. Globalement les médecins titulaires n'y sont pas opposés. Pour le directeur de l'hôpital de Saint-Malo, François Cuesta, "l'idée est de moraliser les tarifs et c'est une bonne chose. Il y a une réelle pénibilité de la fonction des médecins titulaires, qui assurent beaucoup de gardes et la différence de traitement n'est pas normale du tout. L'effet de cette loi devrait être de revoir les rémunérations des titulaires pour qu'elles soient suffisamment décentes", conclut-il
Le phénomène n'est pas nouveau. En 2013 déjà, le jeune député Olivier Véran dénonçait dans un rapport les dérives de l'intérim médical, dont le coût était alors estimé à 500 millions d'euros par an. Huit ans plus tard, devenu ministre, il n'a pas de mots assez durs contre les "mercenaires" qui grèvent toujours plus le budget des hôpitaux, mais envisage de reporter la dernière réforme censée enfin plafonner leur rémunération.