Cancer et reconfinement : "Cette fois-ci, les malades sont angoissés comme jamais"

Alors que la 2e vague de la Covid-19 impose le reconfinement du pays, la Ligue contre le cancer est très inquiète pour les personnes malades. Interventions chirurgicales et traitement reportés, dépistages et diagnostics retardés... L'association redoute les conséquences des choix sanitaires.

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"S'il faut vivre avec la covid, il faut aussi continuer de soigner les autres maladies comme les cancers."

Avec le deuxième confinement, la Ligue contre le Cancer lance une alerte sous forme de serment. "Les déprogrammations chirurgicales s'accélèrent : dans chaque ville hospitalo-universitaire, les filières dédiées aux personnes malades du cancer doivent être sanctuarisées et la coopération public-privé sans faille. Les retards se sont accumulés, pour les dépistages, les diagnostics et les traitements : dans certains cas, les interventions médicales débuteront avec des mois de retard." 
 

"Cette fois, c'est encore pire"

Lydie Carduner, directrice de la Ligue contre le Cancer des Côtes-d'Armor


Au comité de la Ligue contre le Cancer des Côtes-d'Armor, la directrice, Lydie Carduner, témoigne que des malades appellent complètement désemparés. "Pendant le premier confinement, des personnes, dont la prise en charge avait été reportée, s'étaient senties abandonnées. Cette fois, c'est encore pire. Même pour un report de quelques jours, elles craignent une flambée de leur maladie. Nous voyons des malades dans un état d'angoisse, de détresse psychologique jamais vu".

Alors pour mieux les accompagner et conformément au serment de la Ligue, le comité costarmoricain a autorisé, lorsque la situation le nécessite, les consultations avec une psychologue en présentiel, en tenant compte évidemment des gestes barrière. "Le face à face est plus propice à l'écoute, c'est aussi plus facile de rassurer."
 

Les dépistages en baisse


De leur côté, les professionnels de santé craignent des conséquences désastreuses de ce reconfinement sur le dépistage des cancers. Par peur d’être contaminés ou d’engorger laboratoires et cabinets médicaux, un grand nombre de femmes et d'hommes ont renoncé à respecter l’agenda des campagnes de dépistage du sein et du cancer colo-rectal. "Les médecins pensaient qu'avec le déconfinement, il y aurait un rattrapage et que les personnes qui avaient reçu une convocation pour dépistage programmerait un nouveau rendez-vous mais cela n'a pas été le cas", rapporte Lydie Carduner. 
 

3 500 à 8 000 morts 


Si le comité des Côtes-d'Armor ne chiffre pas encore cette baisse du nombre de dépistages, la Ligue contre le Cancer estime, elle, qu'au niveau national "3 500 à 8 000 vies pourraient être perdues dans les cinq ans : les dépistages ne doivent pas être arrêtés malgré le confinement, tous les examens indispensables doivent être accessibles."

 
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