Il y a quelques semaines, l’association "Citoyennâge" a vu le jour. Des résidents d’Ehpad, des personnes âgées aidées à domicile ont décidé de faire entendre leurs voix.
Quand on est une personne âgée, on n’a plus la parole, pourtant, on est des citoyens comme les autres, on a le droit d’être entendus
La vieille dame se présente comme quelqu’un de très discret, très timide. "Je n’ai jamais haussé la voix, jamais milité", dit-elle. Il n’est sans doute jamais trop tard ! Nicole a traversé bien des orages : la guerre, quelques vilaines maladies, la perte de son mari après 56 ans de mariage. Il y a quatre ans, juste après ce décès, elle est venue s’installer à Saint-Joseph à Gouarec dans les Côtes d’Armor. La vaste maison accueille 159 résidents, dont certains présentent des troubles cognitifs.
"Au début, j’avais peur", confie la dame. "Il y avait des gens qui rentraient dans ma chambre, je ne savais pas quoi faire. Et puis, je me suis habituée. Maintenant j'apprécie leur compagnie."
"Quand on entre dans un établissement, on a soudain l’impression que la vie nous échappe", explique-t-elle. "On ne décide plus ni l’heure de son lever, ni celle de ses repas, ni ce qu’on va manger, parfois même, plus la façon dont on sera habillée, c’est difficile !"
S'engager pour faire entendre sa voix
Alors, Nicole Petit a adhéré à Citoyennâge, en est devenue la secrétaire et a donc décidé d’écrire au Président de la République : "Nous avons la chance d’avoir une belle maison, de belles chambres, nous nous sentons en sécurité, débute t-elle, mais nous constatons que le personnel a de plus en plus de mal à répondre à nos attentes."
Attablée dans le vaste hall d’accueil avec Pascale Lucas, l’animatrice de l’Ehpad, Nicole Petit essaye d’expliquer. "Les aides-soignantes sont extraordinaires, elles font un travail formidable, mais elles courent tout le temps." Dans sa lettre, elle précise : "De nombreux résidents arrivent de plus en plus dépendants à l’Ehpad, l’accompagnement est donc plus important, sans pour autant avoir plus de personnel."
Nicole raconte à Pascale les petits riens qui font que les journées sont parfois dures. "Quand on sonne, que les aides-soignantes sont dans une autre chambre occupées à faire un soin, elles ne peuvent pas laisser la personne en plan, celle qui, par exemple, est sur les toilettes, elle va attendre une demi-heure, trois quarts d’heure qu’on vienne la chercher pour la ramener dans son fauteuil, c’est long, c’est très long", soupire t-elle.
Elle devient intarissable, décrit les toilettes. "Elles les font très bien mais elles ne s’arrêteront pas 5, pas 3 minutes avec vous. Elles doivent vite aller dans l’autre chambre, parce que bon, on les attend, et dès que c’est fini, il faut qu’elles servent les repas, puis qu’elles raccompagnent les résidents dans les chambres etc..." "Il faudrait davantage de moyens financiers et davantage de personnels, conclut-elle, que tous, soignants ou non, soient sensibilisés, formés et qualifiés dans l’accompagnement des personnes âgées. Ce serait mieux pour nous, mieux pour eux aussi. Elles ont fait le choix de cette profession mais sans doute pas de ce genre de conditions de travail !"
La lettre au Président est sur le point de se terminer, bientôt, elle sera sur son bureau à L’Elysée. Nicole espère qu’elle sera lue et que, pour une fois, sa petite voix sera entendue !