La gare de Dinan abrite, dans son aile ouest, le musée du rail. Un lieu chargé d'histoire façonné progressivement par des passionnés du train.
On y pense peu lorsqu'on y prend le train, mais la gare de Dinan abrite, dans son aile ouest, un écrin d'histoire. Le musée du rail regorge de vieilles pièces de la SNCF. Pancartes, lampes, uniformes, miniatures... le fruit d'un long travail de collecte de la part des bénévoles.
Jacky Hamoniaux est le directeur du musée. Il se souvient de sa jeunesse où les Dinannais allaient à pied à la Hisse, à huit kilomètres, pour se promener. "Pour revenir à Dinan, les gens rentraient en train", raconte-t-il. "Cela permettait de rentrer le soir après avoir fait une bonne balade digestive au bord de la Rance."
Un jour, dans les années 1980, Jacky, alors salarié à France-Télécom, doit se rendre à la Hisse pour tout autre chose qu'une balade. "J'ai été appelé pour enlever un réseau téléphonique qui était sur cette gare. Je me suis aperçu qu'il restait, à l'époque, la plaque avec marqué 'La Hisse' dessus, ainsi que la pendule", dont la SNCF s'apprêtait à se séparer. Inimaginable pour le passionné de train ! Alors le lendemain, il demande au chef de gare s'il peut se procurer ces objets. "C'est de là qu'est partie l'Association du Rail Dinannais", en 1983.
Musée dans la gare
Par la suite, le musée s'installe dans la gare actuelle. "C'étaient les anciens locaux de ce qu'on appelle la CAT [Compagnie armoricaine de transports], c'est-à-dire le transport de cars. Ils y mettaient les matelas pour les cars de nuit. Nous avons commencé les travaux pour aménager ce musée", indique Gilles Gaulthier, vice-président du musée.
Cette gare, faite de pierre, d'ardoise et de verre, a une particularité. Conçue en 1931, 52 ans après la première, par Georges-Robert Lefort, architecte guingampais, elle est aujourd'hui classée monument historique. "Un rêve et une chance".
Collection
Aujourd'hui, la collection du musée est riche. Pour la compléter, ces amoureux du train vont "sur les vide-greniers pour récupérer les trains des gens qui ont un certain âge et qui nous les vendent". Par la suite, ils en mettent certains en service sur leur maquette, d'une superficie de plus de 30 m².
La maquette est un mélange de réalité et d'imagination. "Elle est notamment inspirée des fortifications de Dinan avec les remparts, qui font partie du patrimoine. Nous avons également voulu reconstituer un port et, pour cela, nous nous sommes inspirés du port de Cancale, celui de la Houle." Certains éléments, comme la montagne, ont été rajoutés.
Le poste d'aiguillage
"La pièce maîtresse de notre musée, c'est le poste d'aiguillage", sourit fièrement Michel Rio, bénévole. Une machine qui date du XIXe siècle. "Ce bloc a été proposé au musée de Mulhouse, mais ils n'en ont finalement pas voulu. On a donc démonté et remonté ce bloc à l'identique. Ça a duré cinq mois, pièce par pièce, par les bénévoles de l'association. Il est dans son jus d'origine, tel qu'il était au pied de la gare."
Ce poste servait à manœuvrer les trains en gare. En fonction de la manette sur laquelle on tirait, ça ouvrait une voie et ça en fermait une autre. Une manivelle permettait aussi de fermer le passage à niveaux lui-même.
Vers un agrandissement ?
Aujourd'hui, le musée déborde de pièces : certaines ne peuvent pas être exposées par manque de place. "La municipalité réfléchit à un agrandissement", précise Jacky, directeur.Chaque année, le musée du rail attire de nombreux visiteurs. Preuve que les bénévoles ont réussi leur pari : redonner une vie à ce lieu chargé d'histoire.