Ce lundi s'ouvre le procès de France Télécom et de ses ex-dirigeants, dont l'ancien PDG Didier Lombard. Ils sont jugés pour "harcèlement moral", 10 ans après une vague de suicides au sein du groupe entre 2008 et 2009. A Lannion (22), deux salariés avaient mis fin à leurs jours en 2009.
C'était le 15 octobre 2009, aucun des salariés de France Télécom à Lannion n'a oublié ce jour-là. Pour la seconde fois, en quelques semaines, ils apprenaient qu'un de leur collègue venait de mettre fin à ses jours. Vincent Barriac, ingénieur se souvient : "Très vite le brut à circulé dans les bureaux et les couloirs, qu'un collègue s'était suicidé. Après ça s'est fait naturellement. Tout le monde a convergé vers les bureaux de la direction, pour un grand moment de solidarité. Un besoin de parler, de conjurer le choc, de ce qui venait de se passer."
En plein plan de restructuration
En 2009, France Télécom (devenu Orange en 2013) est en plein plan de restructuration, le plan NExT. Après sa privatisation en 2004, l'entreprise veut se réorganiser et supprimer 22 000 postes sur 120 000 en France. Un poste sur cinq. A Lannion, 325 emplois sont menacés.
35 suicides en moins de deux ans
Ce jour de 2009, c'est le 25ème suicide dans l'entreprise. Il y en aura 35 en moins de deux ans. Le PDG de France Télécom, Didier Lombard qui vient d'évoquer la « Mode des suicides » se déplace à Lannion. "Ces suppressions d'emplois seront faites soit par la porte, soit par la fenêtre", c'est ce que déclarait alors le PDg aux salariés", se remémore encore Alain Stéphan, délégué syndical Sud PTT.
Le procès à partir de ce lundi
Ce lundi 6 mai, Didier Lombard et six cadres de l'entreprise seront jugés par le Tribunal correctionnel pour harcèlement moral. Ils sont accusés d'avoir mené une politique visant à déstabiliser les salariés. Le procès devrait durer deux mois. Les anciens dirigeants de France Télécom risquent un an de prison et jusqu'à 15 000 euros d'amende.