Il existe des liens commerciaux et industriels très forts entre la Bretagne et l’Ukraine. La Bretagne y exporte (pour 17 millions d’euros) de l’aliment pour les animaux, des parfums et de la cosmétique et des pièces automobiles et importe des huiles et graisses végétales, des produits d’élevage pour 50 millions d’euros. Des entreprises bretonnes y ont aussi installé des sites de production, c'est le cas de la société kaolinière armoricaine.
Sur son ordinateur portable, Séverine Dudot, directrice de la Société kaolinière Armoricaine (Soka) affiche la carte de l’Ukraine.
L’entreprise y possède deux sites. Une carrière, dans le sud-ouest, à proximité de Nikolaïev et une usine et une autre carrière dans l’Ouest, pas très loin de la frontière de la Biélorussie. Il y a quelques jours, elle a rapatrié ses salariés français qui étaient en poste là-bas, et depuis le début de l’offensive russe ce 24 février à 4h du matin, elle a stoppé l’usine et suit l’évolution de la situation minute par minute.
L’Europe n’est pas en guerre, mais la guerre est aux portes de l’Europe, la situation est préoccupante et totalement imprévisible
Séverine Dudot, directrice Soka
Séverine Dudot garde son calme, mais appelle régulièrement ses collaborateurs en Ukraine pour prendre de leurs nouvelles.
Une tension inquiétante
Au téléphone, Irina raconte qu'elle a été réveillée à 4h, elle a entendu les explosions. Car les bombardements ont commencé cette nuit. Des obus sont tombés à 80 kilomètres du site de la Soka.
A 5h du matin, Séverine Dudot, la directrice a décidé de stopper la production sur place et a demandé aux 70 salariés de rentrer chez eux se mettre à l’abri. Ils sont en télétravail.
Le site d'extraction et de traitement de kaolin a été sécurisé. Il faut maintenant attendre de voir ce qui va se passer. Et ce n’est pas facile.
Hier soir, Gilles Serruau a eu ses collègues ukrainiens au téléphone. "Tout avait l’air normal, les enfants allaient à l’école, les bus circulaient normalement, les magasins étaient ouverts, et puis ce matin… "il laisse un long silence.
Il est responsable de site en Ukraine. Il y a encore quelques jours, il était sur place et ce matin, il a le cœur gros. Evidemment, il se sait en sécurité, mais "je regrette d’être ici pour tous les gens qu’on côtoie tous les jours, soupire-t-il, et ça fait mal."
Séverine Dudot demande que tous les moyens soient mis en place pour faire cesser le conflit. "Il ne faut pas que la situation s’envenime" insiste-t-elle. Elle craint la destruction de ses infrastructures et la réquisition de son personnel. En 2014, déjà, il avait été appelé au front.