Centre-Bretagne. Le maire de Canihuel s'explique sur sa charte du "mieux vivre ensemble"

Une charte pour "mieux vivre ensemble en milieu rural" distribuée aux habitants de Canihuel dans les Côtes d’Armor : quoi de plus bienveillant ? Ce texte s’est pourtant attiré les foudres. Le maire de Canihuel s’en explique à la presse pour la première fois.

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"Si vous n’aviez pas pesé le sens de la vie à la campagne, nous vous conseillons de porter votre projet vers d’autres horizons."  C’est ainsi que se conclut la charte du mieux vivre ensemble en milieu rural distribuée début 2021 aux habitants de Canihuel, village de 371 habitants en Centre-Bretagne dans les Côtes d’Armor. Dans ce texte, on explique aux "citadins", selon le terme employé pour désigner les nouveaux arrivants, qu’être à la campagne, "ce n’est pas toujours comme on le rêvait", que la campagne est avant tout un lieu de travail, et de pratique de la chasse.

 

"Certains seront tentés de protester, de prendre leur belle plume pour se plaindre."

Et d’ajouter "certains seront tentés de protester, de prendre leur belle plume pour se plaindre." C’est donc ce que s’est empressé de faire un collectif d’habitants de Canihuel, "Ensemble c’est tout" (ensemblecesttout@outlook.com), dénonçant un texte qui  "nous caricature et prend le parti d’une seule catégorie de professionnels de la terre qui serait légitime." Ce groupe de Canihuelois souhaite qu'une nouvelle charte soit rédigée en concertation avec tous les habitants de la commune. De son côté, EELV Kerne Uhel a fait part de son écœurement face au texte de la municipalité.

"Je ne comprends pas cette polémique"

Pour la première fois, Franck Le Meaux, maire de Canihuel, a accepté de répondre à la presse. Il se dit étonné par le bruit ambiant autour d’une charte qu’il qualifie de neutre et équilibrée. "Je ne comprends pas toute cette polémique, avance l’édile. On s’est permis, nous élus, d’écrire une charte car on est représentatifs." Et de se justifier par le petit nombre d’opposants, environ une dizaine de personnes formant le collectif. "Le reste des habitants a bien accueilli le texte", affirme-t-il.

Ce texte au ton paternaliste donne la part belle aux agriculteurs, qui "travaillent en respectant les réglementations, font leur possible pour diminuer les désagréments". Pourtant pas une ligne dans ce manuel de bonne conduite sur la distance d’épandage que sont tenus de respecter les paysans par rapport aux habitations. A cela, Franck Le Meaux rétorque que ce n’est pas une publication de la chambre d’agriculture : "On ne rentre pas dans ce genre de débat."

"Je préfèrerais que tout le monde arrive à discuter et à vivre ensemble"

L’existence même de cette charte et le débat qui en découle montre à quel point les relations se tendent en Centre-Bretagne autour de l’agriculture. C’est dans ce contexte qu’avait lieu, ce mardi 6 avril, la manifestation de soutien à la journaliste Morgan Large, menacée et victime d’actes de malveillance pour son travail sur l’agroalimentaire breton.
Le maire rural de Canihuel se dit las des querelles de voisinage qu’il doit trancher : "Les coqs qui chantent le matin. Si un poulailler était installé avant que la personne achète la maison, il ne faut pas se plaindre après, illustre le maire. La moisson qui se fait tard… Je préfèrerais que tout le monde arrive à discuter et à vivre ensemble."

Si Franck Le Meaux se dit ravi de voir sa commune revivre grâce aux nouveaux habitants, il fustige l’intolérance, le manque de savoir-vivre. "Les gens utilisent les chemins, les bois. C’est une bonne idée, mais parfois les lieux ne sont pas respectés."

Le maire dénonce les extrémistes écologistes

Le maire dénonce les dictateurs de l’écologie. Il décrie les journalistes du Poher et d’Ouest-France également qui ont "monté cette affaire en mayonnaise et qui ne se mettent pas au-dessus de la mêlée."

Selon le maire, les agriculteurs sont victimes du système de production à grande échelle conçu dans les années 70/80

"Les agriculteurs sont victimes du système de production à grande échelle conçu dans les années 1970/80, concède le maire. Ils s’adaptent petit à petit et font des produits de meilleure qualité." Ce maire rural l’affirme : "Les agriculteurs de la nouvelle génération voient leur métier différemment et respectent de plus en plus l’environnement."

Une chose est sûre il faudra apprendre à vivre ensemble pour que ce coin de paradis ne devienne pas un enfer.

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