Plus de 500 personnes se sont réunies ce mardi 6 avril à Rostrenen (Côtes d’Armor) en soutien à Morgan Large, journaliste en Centre Bretagne. Spécialiste des enquêtes sur l’agroalimentaire, elle est victime d’intimidations et d’actes de malveillance.
“Nous avons besoin d’une réponse forte des politiques pour rappeler à la raison les grands groupes. La vérité aujourd’hui, c’est que tout le monde a peur d’enquêter. Subir des attaques graves chez soi, c’est inadmissible”, affirme au micro, Morgan Large. “Mon métier est de parler à tous les gens. Le jour où je ne le pourrai plus, je ne ferai plus mon métier”, ajoute-t-elle, très émue.
Des centaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir la journaliste et pour défendre la liberté d’informer. “En Bretagne, comme en Amazonie, bientôt des écologistes assassinées”, peut-on lire parmi les pancartes. Le maire de Rostrenen, Guillaume Robic et les membres du Syndicat National des Journalistes (SNJ), ont exprimé leur indignation à tour de rôle.
A l’heure du déjeuner, belle mobilisation a #Rostrenen en soutien à Morgan Large, journaliste à @RKBradio, victime de pressions et menaces pour avoir fait son métier: informer pic.twitter.com/lQkArTEpM1
— Isa Rettig (@isa_rettig) April 6, 2021
Les roues de sa voiture déboulonnées
Morgan Large exerce son métier en Centre Bretagne depuis près de 30 ans. Elle travaille essentiellement à Radio Kreiz Breizh, mais est aussi journaliste indépendante. En novembre dernier, elle témoignage dans le documentaire “Bretagne : une terre sacrifiée” diffusé sur France 5.
Depuis, les appels anonymes sont incessants. Le journaliste est victime d’intimidations, de menaces de mort, de dégradation de biens. La nuit du 17 mars dernier, elle est réveillée par un coup de fil anonyme. Deux semaines plus tard, elle découvre que les roues de sa voiture ont été déboulonnées. “J’ai roulé quatre jours comme ça, avec mes enfants dedans”, se désole la journaliste.
En décembre dernier, la clôture du champ de ses deux chevaux a été ouverte et les animaux ont divagué pendant plusieurs heures. Au même moment, les portes des locaux de RKB, le média pour lequel elle travaille, étaient forcées. Un mois plus tard, en janvier, le chien de Morgan Large est empoisonné.
"Je ne m'excuserai pas de faire mon métier"
La journaliste se dit usée, fatiguée et c’est bien ce que cherchent les personnes qui s’en prennent à elle. “A ceux qui trouvent que j'abîme la carte postale de la Bretagne, je m'excuse mais je ne m'excuserai pas de faire mon métier. L’information est un bien commun, au même titre que les paysages, l’air, la culture, la musique, les hirondelles qui viennent d’arriver”, revendique Morgan Large devant ses soutiens.
La SNJ a annoncé saisir la justice et appelle toute la profession à manifester son soutien à Morgan Large et Radio Kreiz Breizh (RKB).
Ces pressions contre Morgan Large étaient aussi évoquées en janvier par le @SNJ_national dans un communiqué portant d'abord sur la plainte pour diffamation finalement retirée par le grossiste en légumes guingampais Jean Chéritel contre Inès Léraud.https://t.co/We4qPO0Ns2 pic.twitter.com/Uce7SjbUSJ
— Sylvain Ernault (@SylvainErnault) April 2, 2021
Cette semaine, dans la commune de Glomel, dans les Côtes d'Armor, une autre journaliste a été menacée, selon un communiqué de RKB. Dans le cadre de son travail pour un média allemand, elle aurait été insultée, bousculée et suivie jusqu’à chez elle par un agriculteur.