Un millier de personnes se sont rassemblées ce 11 décembre pour défendre les services de chirurgie et de maternité de l’hôpital de Guingamp. Des soignants, des élus, des habitants de la ville qui craignent la fermeture des deux services.
"Hôpital sacrifié, pays en danger", en tête du cortège, la banderole donne le ton.
Le 9 décembre se tenait une réunion du comité de suivi et de concertation de l’hôpital. "On est sortis avec la certitude que la Mission Rossetti, (du nom de l’expert mandaté par l’agence régionale de Santé pour restructurer le programme de santé dans le groupement hospitalier), n’avait retenu qu’un seul scénario, explique Yann-Fanch Durand, président du comité de défense de l’hôpital de Guingamp. Il prévoit de renforcer l’hôpital de Lannion, ce qui passe par la fermeture de la maternité et de la chirurgie 24/24 de Guingamp. Nous ne garderons, sans doute, que de la chirurgie ambulatoire" déplore-t-il.
"Fiers de notre mater "
Hélène a exercé dans la maternité, elle est venue soutenir ses anciennes collègues et toutes les futures mamans. "Car évidemment, si le service ferme, les femmes devront aller ailleurs pour accoucher." "Passer de 30 à 50 minutes de route, ce n’est pas pareil" témoigne une manifestante. "Car les bébés ne préviennent pas toujours de leur arrivée. S’il faut rouler la nuit, sous la pluie pendant tout ce temps, c’est dangereux. "
Des risques pour les mamans et les bébés
A la tribune improvisée sur les marches de l’hôtel de ville, Yann-Fanch Durand raconte l’histoire d’une jeune femme partie de Laval qui a du faire 200 kilomètres avant de trouver une maternité qui l’accueille. "Elle a accouché à Vannes !" s'indigne-t-il. " Sur sa route, il y avait six maternités, mais aucune n’était capable de la recevoir car elles étaient toutes à bloc !"
"Si il y a un problème, un vrai, comme un décollement de placenta avec une hémorragie importante, chaque minute compte" précise Christian Naudin, gynécologue au pôle santé de Guingamp.
Et le médecin s’interroge, "en France, on a 400 maternités, dont 200 de Niveau 1 (qui accueillent les grossesses dites normales) alors que celles de Niveau 2 et 3 s’occupent des grossesses pathologiques. En fermant les maternités de Niveau 1, on risque d’emboliser les autres, qui ne pourront plus s’occuper des patientes."
Recommencer la lutte
En 2018, la maternité avait déjà été menacée. Après des mois de combat, les guingampais avait obtenu son maintien.
"Au 21 octobre 2021, on était à 401 naissances" précisent les manifestants, "à la même date, en 2020, il n’y en avait eu que 330. On a besoin de cette maternité."
Naître et vivre au pays
"Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone" s’agace Yann-Fanch Durand. "Nous avons le droit de naître et de vivre au pays".
L’hôpital souligne que la permanence des soins est difficile à assurer dans un petit établissement où les services sont composés de 3 ou 4 médecins. Les gardes de nuit et de week-end reviennent très souvent, alors que dans des hôpitaux plus grands où les services peuvent compter jusqu’à 15 praticiens, les gardes sont moins fréquentes.
La démographie médicale toujours en question
"Tout cela, c’est un cercle vicieux dénonce Yann-Fanch Durand. Moins il y a de médecins, plus c’est compliqué d’en trouver. Mais cela fait des années que les gouvernements organisent le manque. "
"Et c’est pareil pour les généralistes ajoute-t-il. Moins il y a de médecins en ville, plus l’hôpital souffre, et plus l’hôpital souffre, moins il y a des médecins à venir s’installer en ville. Ils savent que leur tâche sera plus compliquée si un de leur patient va mal. Ce serait simple, au contraire, de créer un système vertueux dans lequel les médecins de l’hôpital savent qu’ils peuvent se reposer sur les médecins de ville et réciproquement. "
Les manifestants ont défilé dans le centre ville et promettent déjà d’autres actions. "Il faut que l’on se batte pour ces deux services et pour notre avenir. Sinon, comment peut-on donner envie aux gens de venir vivre ici si on n’a même pas un hôpital ? ".