La région Bretagne avait annoncé en avril réfléchir à la création d'une usine de masques dans les Côtes-d'Armor. Le projet est aujourd'hui "né juridiquement" et un "calendrier a été établi pour être en production à l'automne".
Il n'était qu'en réflexion en avril. Mais le projet d'usine de masques dans les Côtes d'Armor porté par la Région Bretagne prend forme plus concrètement. "Les statuts de la Société Coopérative d'Intérêt Collectif ont été déposés. Le projet est né juridiquement" indique Guy Hascoët, ancien conseiller régional missionné par la Région pour suivre la faisabilité du projet et accompagner ceux qui le portent.
Les grandes lignes du projet déjà évoquées en avril se précisent : "L'usine de masques approvisionnera de manière durable les habitants de Bretagne et du Grand Ouest en priorité, puis les Français à l'échelle nationale. De taille modeste (20 millions de masques par an), ce projet s’appuie sur d’anciens collaborateurs de l’usine de Plaintel et agrège des acteurs bretons du domaine de la santé, du médico-social et des filières de l'agroalimentaire, du bâtiment et de la naval. Le site sera implanté dans la zone industrielle de Grâces, près de Guingamp".
1/4 du capital ouvert aux citoyens
La Région et le département devraient officialiser l'annonce cette semaine, avec notamment le lancement d'un site internet qui révélera les détails de la future usine costarmoricaine de masques.
Ce sera d'ailleurs via ce site que les Bretons pourront prendre des parts sociales dans l'entreprise pour accompagner ce projet qui se veut "coopératif" et "avec des acteurs du territoire". Au total, "un quart du capital sera ouvert aux citoyens" souligne Guy Hascoët, qui ajoute qu'une fois cette opération lancée, "un calendrier précis entre mi-juillet et mi-octobre visera à concrétiser le projet". Le budget avoisine les 3,5 millions d'euros.
L'objectif est d'être en production à l'automne
D'anciens salariés de l'usine de masques de Plaintel, fermée en 2018 après son rachat par le groupe américain Honeywell, auraient déjà manifesté leur envie de travailler pour la future structure selon Guy Hascoët : "on a reçu beaucoup de candidatures et de CV notamment pour des postes plus techniques ou plus rares".
Le projet privé d'usine à Ploufragan
La Région n'est pas la seule à s'être manifestée pour la relance d'usine de masques dans les Côtes d'Armor. Un homme d'affaires libano-suisse, Abdallah Chatila, s'est également positionné.
Il a signé le 11 juin avec le Groupe Bleu Mercure une promesse de vente de 25 000 m² de surface bâtie sur le site Genesis Baie d’Armor situé à Ploufragan, où se trouve l'ancienne usine Chaffoteaux-et-Maury, fermée en 2013. "Soutenu par un investissement de 20 millions d'euros, le projet table sur la production de 250 millions de masques par an et la création de 150 emplois" précise le groupe Bleu Mercure.
Joint par téléphone, Jean-Jacques Fuan, l'ancien directeur de l'usine de Plaintel (1991-2003) et allié d'Abdallah Chatila, affirme que "tout est en bonne voie. Nous avons cinq collaborateurs. Les machines sont en cours de commande. Les travaux vont commencer dans quelques semaines. La production des masques est prévue pour la fin de l'année ou début 2021, à l'échelle nationale et internationale".
Selon Jean-Jacques Fuan, le projet d'Abdallah Chatila "est une très bonne chose pour la création d'emplois sur le territoire de Saint-Brieuc. Car nous aurons à coup sûr une cinquantaine d'anciens de Plaintel qui viendront travailler sur le site de Ploufragan, situé à seulement 10 kilomètres de Plaintel, et non à Guingamp, contrairement à ce que dit M. Hascoët".
Le projet coopératif de Grâces et l'usine à ambition internationale de Ploufragan, aux philosophies différentes, pourraient donc toutes deux voir le jour. Ce qui porterait à trois le nombre de sites de production de masques en Bretagne, en comptant les Celluloses de Brocéliande (Morbihan), signataire d'un contrat avec l'Etat.