Il y a tout juste un mois, quatre couturières professionnelles lançaient le projet de l’Usine Invisible, pour accélérer la fabrication de masques en tissus sur la Morbihan. 8 400 masques ont déjà été livrés.
Meriem Hammi, Delphine Barre, Gwenn Suarez et Anne Morice, quatre couturières professionnelles se sont lancées dans une grande aventure, monter de toute pièce une structure, qui serait capable de fournir des masques pour faire face à la crise sanitaire, que traverse le département, la région, le pays et le reste du monde !
L’idée, c’était de regrouper toutes les couturières du département et alentours, de les fédérer autour d’un projet et d’un modèle de masque commun. Puis ensuite elles voulaient lancer une production de masse pour pouvoir approvisionner les collectivités (EPCI) du département et d’autres structures, qui seraient en manque de ces mesures de protections - barrières et qui en feraient la demande.
Le succès est immédiat. Près de 2000 couturières ont répondu à l’appel, mais ensuite, « il a fallu structurer tout ça » , explique Delphine Barre, co-fondatrice de cette Usine Invisible, "nous vérifions les compétences de chaque couturière, puisque nous voulons contrôler la qualité des masques que nous fournissons. »
« Et comme chaque couturière qui participe à cette Usine Invisible est rémunérée en fonction de sa production », continue Delphine, « il a fallu trouver une structure qui nous permette de les rémunérer. Nous avons fait appel au CRIC. Avec les professionnelles, cela ne posait pas de problème puisqu'elles ont un numéro de SIRET, en revanche, avec les couturières amateures, c’était plus compliqué ».
La solution est venue de la Coopérative Régionale d’Éducation à l’Entrepreneuriat Collectif en Bretagne, le CRIC, capable de donner un statut et un contrat de travail à tous les participants et toutes les participantes qui ne sont pas des professionnels.
Le CRIC comme cadre légal
« Nous sommes très attachées à faire les choses dans la plus grande rigueur, nous avons fait appel au CRIC, qui accompagne l’activité de ces couturières amateures avec un Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise (CAPE) afin de les accompagner dans la découverte de l’Entrepreneuriat Collectif, il faut monter un dossier, présenter un projet pour pouvoir ensuite participer à l’économie sociale et solidaire, et c’est ce qui prend du temps »
« La coopérative sert de support juridique à l’Usine Invisible », explique Maryse Foligné, directrice et gérante de la coopérative, le CRIC, « les EPCI, les mairies, les entreprises peuvent nous commander des masques, ensuite l’Usine Invisible fabrique les masques et ensuite nous rémunérons les couturières amateures à travers un contrat CAPE, mais nous ne pouvons pas accueillir toutes les volontaires, on a décidé de limiter à une centaine le nombre de contrats » .
Pour l’instant, l’Usine Invisible compte dans ses rangs 144 couturières professionnelles et douze contrats CAPE, et la production monte régulièrement en puissance. Depuis le 11 mai, début du déconfinement officiel, l’Usine a livré 8 400 masques aux EPCI et l’objectif des 70 000 masques à livrer d’ici fin juin devrait être rempli.