Ils avaient renoncé au faste pour aider les pauvres : les "époux charitables" Claude et Marguerite de La Garaye seront-ils canonisés ?

Ce dimanche 22 septembre 2024, l’évêque de Saint-Brieuc présidera une cérémonie solennelle en l’église Saint-Malo de Dinan (Côtes-d'Armor) pour lancer l'enquête de canonisation des époux de La Garaye. Au XVIIIe siècle, ces "époux charitables" avaient renoncé à une vie de bals et de chasses à courre pour se consacrer aux pauvres et aux malades.

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Ils menaient une vie de luxe, de faste et de volupté. Toutes les fées semblaient s’être penchées sur les berceaux de Claude et de Marguerite de La Garaye. Ils étaient jeunes, beaux et dotés d’une fortune considérable.

Le drame

Né le 27 octobre 1675 à Rennes, Claude Toussaint Marot de La Garaye était mousquetaire du Roi. Son épouse, Marguerite Piquet de La Motte, avait vu le jour à Vannes le 24 décembre 1681. Dans leur château à Taden (Côtes-d’Armor) aux portes de Dinan, les bals et les fêtes se succédaient et des chasses à courre se déroulaient chaque matin. 

Un an après leur union cependant, un jour de 1703, la comtesse de La Garaye fit une terrible chute de cheval. L’enfant qu’elle portait n’a pas survécu et elle est restée longtemps entre la vie et la mort. 

Quelques mois plus tard, après un autre deuil, le jeune couple a commencé à chercher un autre sens à sa vie.

Changement de vie

Ils ont rassemblé leur personnel et leur ont annoncé qu’ils allaient désormais s’occuper des pauvres et des malades.

Mon intention est de renoncer tout à fait au monde, retrancher tout mon train, vendre mes meubles, mon équipage, ma vaisselle, faire un hôpital de ma maison, y nourrir, panser, traiter, servir les pauvres et employer tout mon revenu à leur soulagement.

Claude de La Garaye

noble costarmoricain du XVIIIe siècle


Dès le lendemain matin, à leur arrivée, les domestiques les ont trouvés au travail : ils balayaient la salle, allaient chercher de l’eau au puits, préparent le repas pour les plus démunis. 

Plus de bals, plus de dîners. Ils vendent chiens et chevaux, robes et bijoux et installent une quarantaine de lits dans le château pour accueillir les premiers patients. Une apothicairerie et une chapelle sont aménagées près de la salle des malades. Les époux soignent, pansent, opèrent. Ils partent se former à Paris à la chirurgie et l’ophtalmologie. 

En 1715, Marguerite de La Garaye est la première femme ophtalmologue de France, et opère notamment les cataractes. Claude, lui, poursuit ses études de botanique et de chimie pour fabriquer lui-même ses médicaments. 

Leur table accueillait parfois jusqu’à 300 personnes. Et pour que leurs hôtes soient en bonne santé et bien nourris, les époux La Garaye ont créé des manufactures et une saline.

"Les époux charitables"

De 1710 à 1757, ils se sont entièrement consacrés aux autres. Leur histoire est restée présente dans les esprits et leur a valu un nouveau titre, non pas de noblesse, mais de reconnaissance, d'époux charitables. 

En 1996, lors de sa visite à Sainte-Anne d’Auray (Morbihan), le Pape Jean-Paul II avait rendu hommage au couple : "Vous gardez ainsi le souvenir exemplaire des époux charitables que furent Claude et Marguerite de La Garaye."

Ils ont mis leurs vies au service des plus malheureux. Étaient-ils des saints ou bien les premiers humanitaires ? L’église se prononcera. En ouvrant cette enquête en canonisation, elle souhaite honorer leur mémoire et leur dévouement. 

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