Au large de Portsall, où git l'épave bien connue de l'Amoco Cadiz, des plongeurs ont découvert en juin 2023 l'une des pièces manquantes du puzzle. Les images sous-marines ne laissaient que peu de doute. Cette pièce métallique arrondie, de 20 mètres de haut, ne pouvait venir que du pétrolier coupable de la pire marée noire de Bretagne.
[Article initialement publié en juin 2023 et mis à jour]
C’était peut-être la découverte de l’année 2023 en Bretagne. Des plongeurs finistériens pensaient avoir retrouvé le bulbe de l’Amoco Cadiz, le navire responsable d’une des pires marées noires de Bretagne en 1978.
Le bulbe était la partie avant de la coque du bateau, en dessous de l’étrave. Cette pièce était arrondie pour briser la mer sur les gros cargos, comme l’était le pétrolier américain coulé au large de Portsall dans le nord Finistère.
Sur les images de Yann-Ildut Galliou, vidéaste sous-marin, la masse métallique présente par 30 mètres de fond se dressait sur une hauteur de 20 mètres à près de 800 mètres des vestiges du pétrolier qui contenait 230.000 tonnes de mazout. “Ce bulbe de navire est gigantesque et laisse imaginer la taille du navire. Vu la situation géographique de la découverte, il est quasi certain qu’il s’agisse du bulbe de l’Amoco Cadiz”.
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La vidéo de la découverte du bulbe de l'Amoco Cadiz
Sur les images, Philippe Leroux, plongeur de Portsall, explorait ce vestige appartenant au responsable de la plus grande catastrophe écologique de Bretagne. Il était le premier plongeur à avoir découvert ce gigantesque monolithe de métal.
Des casiers de pêche emmêlés dans le bulbe
Il y avait déjà deux ans, ce plongeur expérimenté avait été appelé par un pêcheur de Ploudalmezeau dont les casiers semblaient coincés dans une roche. “Quand Philippe a libéré les casiers de ce caseyeur, il s’est aperçu qu'il ne s'agissait pas d'une roche mais d'un objet métallique” affirmait Yann-Ildut Galliou.
Le club de plongée Madéo avec Martin Guillerot et Yann-Ildut Galliou avait organisé cette plongée filmée pour confirmer la découverte de Philippe Leroux. Ensemble, les plongeurs avaient sondé le bulbe. “On pense qu’une chaîne est venue couper le bulbe de l’avant du bateau” confiait Martin Guillerot, spécialiste de plongées d'exploration sur la pointe finistérienne.
Une plongée entre stress et excitation
"Une masse sombre, impressionnante qui se dessinait petit à petit devant nous, un moment de stress et d'excitation" soufflait Martin Guillerot, co-responsable du club de plongée Madéo. “C’est une plongée spéciale, de découvrir un tel morceau des heures tragiques de la Bretagne” soulignaient Yann-Ildut Galliou et Thibaut Dieudonné, second co-responsable du club Madéo, présents sur les plongées.
Le morceau très massif était proche des côtes. "Il se voit très bien au sondeur" confiait Martin Guillerot, "mais vu sa forme, il se confond avec les zones rocheuses".
“C’est incroyable que nous ne l’ayons pas trouvé plus tôt” souriait Martin Guillerot. Les plongées allaient s’enchaîner. Après la saison, Martin Guillerot et Yann-Ildut Galliou avaient déjà prévu de retourner explorer la zone à la recherche de pièces supplémentaires afin de mieux comprendre comment le bulbe avait pu dériver sur cette zone.
90% de chance que cela soit ça
"C'est ma quête, ils ont eu une chance incroyable" s'émerveillait Ludovic Granier, considéré comme le plus grand spécialiste de l'épave de l'Amoco Cadiz. Le responsable du club de plongée de l'Aber Wrac'h avait effectué déjà de multiples plongées pour trouver ce bulbe. "J'ai plongé plus de 300 fois à la recherche de cette pièce et vu les images, c'est certain que c'est bien le bulbe de l'Amoco Cadiz. Je veux y aller au plus vite" réagissait avec émotion ce passionné.
Cet expert avait déjà tout vu de l'épave qui sommeillait à plus de 30 mètres de fond depuis près de 45 ans, ne lui manquait que la découverte des amis du club de Portsall, Yann-Ildut Galliou, Martin Guillerot, Thibaut Dieudonné et Philippe Leroux.
Revoir. L'Amoco-Cadiz, la catastrophe du siècle