La cour d'appel de Rennes a rejugé ce mardi 7 février 2023 le maire de Coatreven (Côtes-d'Armor) pour "l'agression sexuelle" qu'il aurait commise le 20 mai 2019 sur une conseillère municipale lors de son premier mandat à la tête de la commune.
La cour d'appel de Rennes a rejugé ce mardi 7 février 2023 le maire de Coatreven (Côtes-d'Armor) pour "l'agression sexuelle" qu'il aurait commise le 20 mai 2019 sur une conseillère municipale lors de son premier mandat à la tête de la commune.
Condamné 6 mois, il se dit "innocent"
Yves Le Rolland, maire de Coatreven depuis 2014, avait été condamné pour ces faits à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, en avril 2021. Mais cet agriculteur a fait appel de ce jugement car il se dit "innocent".
Elodie avait indiqué s'être rendue en mairie le jour des faits pour "déposer un pouvoir de représentation" afin d'anticiper son absence au conseil municipal qui devait se tenir le soir-même, a retracé la conseillère de la cour d'appel de Rennes.
Le maire était alors "sorti de la mairie" pour "entamer la discussion" et il lui avait alors "demandé qu'ils s'écartent pour discuter vers un abribus". Le maire lui aurait alors confié qu'il était "triste" qu'elle n'assiste pas au conseil municipal le soir.
Des caresses sur le ventre et la poitrine
Yves Le Rolland lui aurait alors "caressé le ventre" puis aurait "remonté sa main sur ses vêtements pour lui caresser la poitrine". Elle n'aurait "pas réagi tout de suite" mais aurait ensuite "rejeté sa main" en "faisant un balayage de la main".
Cette mère de famille - connue localement pour avoir lancé une boutique de vêtements sur internet et qui est investie au sein du comité des fêtes de la commune - a ensuite raconté être "partie en voiture chercher ses filles à l'école" et les enfants d'une amie. Elle lui confiera d'ailleurs, juste après ces faits, qu'elle était "sous le choc".
Depuis, Elodie a quitté le conseil municipal et s'est dite à un expert sujette à une certaine "angoisse", "une émotivité avec des pleurs", "des insomnies" et "des crises d'angoisses".
Une interruption totale de travail (ITT) de trois semaines lui a donc été prescrite par un médecin : il a diagnostiqué un "syndrome de stress post-traumatique". A l'audience à la cour d'appel de Rennes de ce mardi 7 février 2023, cette dernière a indiqué qu'elle avait dû "prendre un chien de garde" parce qu'elle a "peur, chez [elle], du maire de [sa] commune".
Parole contre parole
Cet homme de 62 ans - jamais condamné auparavant - avait pour sa part reconnu dans un premier temps la "matérialité" des faits en garde à vue, en se disant "tactile". Il n'était alors pas assisté d'un avocat. Yves Le Rolland était ensuite revenu sur ses déclarations : il avait en fait été "impressionné" par les gendarmes, selon lui.
"Penser que lui, maire, autorité publique, puisse l'être, cela paraît totalement irréel et peu convaincant", a réagi ce mardi 7 février 2023 l'avocat général. D'après le magistrat, "l'effet de surprise" a bien eu lieu sous cet abribus et le maire est "coupable" de l'agression sexuelle : il a en conséquence requis la confirmation de la peine prononcée à Saint-Brieuc.
L'avocate du prévenu, Me Catherine Glon (Avocats Liberté), a pour sa part indiqué avoir "mal au cœur" dans cette histoire dans laquelle "cet homme dévoué totalement au bien public" est "innocent". "Ce dossier n'est constitué que sur la parole des protagonistes et des témoins", a-t-elle déploré. Selon la bâtonnière de l'ordre des avocats du barreau de Rennes, l'abribus n'est par ailleurs "pas le lieu le plus cohérent" pour commettre de tels faits dans cette commune de 550 habitants.
Si son client venait à ne pas être relaxé, "cela va détruire sa vie", a-t-elle mis en garde les juges. La cour d'appel de Rennes, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son arrêt dans un mois environ.
La cour d’appel de Rennes rendra sa décision dans un mois environ.
BT avec CB (Press Pepper)