En 2018, il avait remporté un beau succès de librairie. Xavier Müller revient avec le deuxième tome d'Erectus, sous-titré "L'Armée de Darwin". Un roman d'anticipation où les humains sont victimes d'une régression préhistorique.
En jetant un œil à-travers la fenêtre du bureau, le regard se laisse emporter par le cours paisible du Léguer. Le quotidien de Xavier Müller baigne dans un calme et une quiétude qui tranchent nettement avec le tourbillon dans lequel l’auteur lannionais emporte une nouvelle fois ses lecteurs. Dans « Erectus, l’armée de Darwin », une nouvelle pandémie frappe le monde entier, mais rien à voir avec le Coronavirus qui pourrit nos vies depuis un an, ici il est carrément question de faire régresser l’humanité.
Petit flash-back. Nous sommes en 2018. Journaliste scientifique et écrivain, installé à Lannion dans le Trégor, Xavier Müller imagine une histoire de virus qui vient contaminer les hommes pour les ramener aux temps préhistoriques. Un retour en arrière de l’évolution moins farfelu qu’il n’y paraît. "Erectus, ça parle d'un virus qui fait régresser les espèces", résume l'auteur. "Sous son influence, les chiens redeviennent des loups, les baleines des mammifères terrestres, et puis les hommes des hommes préhistoriques, les fameux Erectus du titre".
Le battement d'aile d'un phasme
Le point de départ de cette histoire se trouve dans le récit d'un événement qui s'est déroulé à Madagascar. "Un adolescent avait découvert dans la jungle malgache, un phasme, vous voyez, ces insectes qui ressemblent à des brindilles, et ce phasme, contrairement à ceux que l'on trouve habituellement là-bas, était pourvu d'ailes. Ce détail surprenant avait intrigué le garçon, il avait alors fait des recherches pour comprendre à quelle espèce il appartenait".
Une quête laissée sans réponse jusqu'à ce que le jeune garçon tombe sur un scientifique qui lui donne enfin une explication : il est tombé sur une espèce relique, une espèce ancestrale de phasme géant. "Comme si cet insecte avait remonté le temps, avait jailli du passé, de la Préhistoire", précise Xavier Müler. "En lisant cette histoire, ça a stimulé mon imagination d'auteur, et je me suis dit, tiens, si toute la planète était touchée d'un coup, si toutes les espèces, y compris les hommes, étaient frappées par ce phénomène qui nous fait remonter le temps".
Le virus avant le coronavirus
Ne restait plus qu'à trouver un moyen de propagation à l'échelle planétaire. Rapidement, l'idée du virus s'est imposée. Quelques mois plus tard, le coronavirus est entré dans nos vies. "Ce qui est marrant, c'est qu'en chemin d'écriture, j'ai été confronté à toutes les questions qu'on se pose depuis le début de la pandémie. D'où vient vraiment le virus? Est-ce que les hommes politiques et les médecins vont vraiment trouver la bonne riposte? Et comment éviter une nouvelle vague, une nouvelle épidémie? Là où ça devient intéressant dans mon travail d'auteur, c'est que j'essaie d'apporter des réponses. Par exemple, comment éviter une nouvelle pandémie? Et moi j'imagine que l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, a développé en secret un système de vigie sanitaire globalisé. A chaque fois que vous franchissez le portique d'un métro ou d'un aéroport, votre sueur est scannée et un logiciel informatique part à la recherche d'infections ou de virus pour essayer de déterminer votre état de santé. je suis sûr qu'un système de ce type sera mis en place un jour, c'est à la fois rassurant et inquiétant".
L’anticipation a son rôle à jouer mais avant tout ça reste de la littérature, du roman d’évasion. Ce n’est pas une littérature pour donner des leçons mais plutôt pour emmener le lecteur dans le monde fantasmagorique que j’ai créé
Sur les pas de Pierre Boulle ou Barjavel
"Je ne pars pas dans l'écriture avant d'être certain d'avoir trouvé une petite pépite, c'est-à-dire d'avoir trouvé un fil narratif qui va venir se loger dans la tête du lecteur, et qui ne va plus le quitter, comme si c'était un virus. et il me semble qu'il y avait une tradition littéraire française d'anticipation qui mêlait le roman d'aventure avec en filigrane la réflexion sur notre société. Pierre Boulle, avec "la Planète des Singes" en est l'exemple parfait. Je pense donc à des auteurs comme lui ou comme Barjavel qui proposent des oeuvres populaires tout en se frottant aux problèmes politique ou sociaux. Il me semble que par rapport à mon passé de journaliste scientifique, l'une des valeurs ajoutées de mon travail, c'est de rendre l'impossible possible. Donc d'essayer de vous raconter une histoire qui vous paraît complètement invraisemblabe, et de la rendre crédible en allant puisser dans la science, ici la biologie et la médecine, tous les ingrédients quoi vont permettre de bâtir de façon crédible une histoire".
"Erectus l'armée de Darwin" XO Editions
"Erectus" Editions Pocket