Vêtus d'un gilet orange, les bénévoles de la Banque Alimentaire collectent, traitent, stockent et acheminent quotidiennement les invendus des grandes surfaces vers des associations. "Des cailloux dans la soupe", met en lumière ces hommes et femmes qui donnent de leur temps pour aider les autres.
À Lannion, une centaine de bénévoles de la Banque Alimentaire consacrent chaque jour de leur temps pour venir en aide aux plus démunis.
Ils récoltent, trient et distribuent aux associations caritatives, de façon méthodique et minutieuse, les invendus alimentaires des grands magasins.
Rencontre avec ces personnes à qui le travail caritatif à donner du sens à leur vie, mais est aujourd'hui mis à mal par les entreprises privées.
"Des cailloux dans la soupe", un film de Catherine Rechard
Voici trois bonnes raisons de voir le documentaire "Des cailloux dans la soupe", un film de Catherine Rechard sur le gaspillage alimentaire et le combat des bénévoles de la Banque Alimentaire.
1. La lutte contre le gaspillage alimentaire : un enjeu social et écologique
Le gaspillage alimentaire est un fléau qui touche nos sociétés modernes et se définit comme "toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée", selon le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Ce combat est celui de la Banque Alimentaire. Créé dans les années 80, la fédération des Banques Alimentaires utilise la lutte contre le gaspillage comme moyen d’action, pour apporter un soutien aux personnes frappées par la précarité. Cette structure incarne un modèle traditionnel fondé sur le bénévolat et l’action désintéressée qui place l’humain au centre des préoccupations.
Dans son modèle social, la Banque Alimentaire permet de venir en aide à des personnes dans l'incapacité financière de s'alimenter.
Le combat contre le gaspillage alimentaire représente également un véritable enjeu écologique. La redistribution des surplus alimentaires de la grande distribution permet de réduire la production de nourriture et donc les émissions de CO2 respnsable du réchauffement climatique.
2. La Banque Alimentaire : un échange gagnant - gagnant
Au-delà des bénéficiaires, la Banque Alimentaire, s'avère être une aide psychologique précieuse pour beaucoup de ses bénévoles. Elle permet à bon nombre d'entre eux de garder du lien et de se trouver une utilité sociale.
Certains retraités voient en la Banque Alimentaire une nouvelle occupation qui leur permet de structurer leurs jours et surtout d'échanger avec des collègues, parfois des amis. Un bénévole de la Banque Alimentaire de Lannion témoigne "On a un gros choc quand on arrive en retraite. Je suis bénévole à la Banque alimentaire pour aider. C'est du gagnant-gagnant. Nous, on est intégré dans une équipe, on travaille tous ensemble, et en plus, on aide."
D'autres bénévoles se sont engagés dans les rangs de cette fédération suite à un licenciement. L'un d'eux explique "Je suis au chômage et c'est grâce à la Banque Alimentaire que j'ai mon colis tous les vendredis. [...] Je préfère être ici en bénévole que de me lever à 6h30 du matin pour regarder la télévision. Je me plais ici. Niveau moral, c'est beaucoup mieux."
Enfin, pour d'autres encore, la Banque Alimentaire a été une porte d'entrée sur le marché du travail, un moyen de s'insérer socialement. Evan, bénévole raconte "Je suis arrivé en France il y a six ou sept ans. J'ai été bénéficiaire de tout ce circuit. Il y a des gens bien qui m'ont encadré et qui m'ont permis aujourd'hui, d'avoir un logement et une vie plus stable que ce que j'avais quand je suis arrivé ici au départ."
3. Une concurrence jugée absurde et non-éthique
Malgré toutes ces vertus, la Banque Alimentaire est aujourd'hui menacée par la venue d'entreprises privées sur le marché de la distribution alimentaire. Ces entreprises privées mettent en lien les enseignes de la grande distribution et les associations et se chargent de trier et d'acheminer les invendus à ces dernières. Cependant à la différence de la Banque Alimentaire, ces entreprises perçoivent une somme d'argent pour le service qu'elles rendent aux magasins.
En effet, de plus en plus d'entreprises à but lucratif s'implantent sur ce marché au grand dame des bénévoles de la Banque Alimentaire pour qui la redistribution alimentaire revêt un aspect éthique fort. Certains d'entre eux craignent que ces pratiques ne soient que les prémices de la "monétisation de la pauvreté".
Faute d'agrément et de moyens financiers, la Banque Alimentaire témoigne de ne pas pouvoir mener à bien tous les projets qu'elle souhaiterait. C'est notamment le cas du déconditionnement et de la "transformation" de certains produits en plats cuisinés.
Une coproduction France Télévisions, TVR, Tébéo, Tébésud, avec le soutien
de la Région Bretagne, du CNC, de la Procirep – société des producteurs – et de l’Angoa.