Dix ans après sa dernière épopée européenne, Guingamp va accueillir pour la première fois la Ligue des champions. Mais c'est le Stade Brestois qui va fouler la pelouse du Roudourou, ce 18 septembre contre les Autrichiens du Sturm Graz.
L'asile offert aux Finistériens totalement novices sur la scène continentale mais dont le stade Francis-Le-Blé, centenaire, était trop vétuste pour accueillir la "coupe aux grandes oreilles", rappelle à la sous-Préfecture des Côtes d'Armor quelques matches mythiques.
"Entendre la petite musique de la Ligue des champions à Guingamp, c'est sympa, quoi !", s'est réjoui Pierre-Jean Corre, 46 ans, agent SNCF, devant la boutique du club, en centre-ville. Supporter de l'En-Avant depuis l'enfance, il avait assisté à la défaite (3-0) contre l'Inter Milan de Youri Djorkaeff, au premier tour de la Coupe UEFA 1996/1997.
Des souvenirs européens, Pierre Macé, 67 ans, chauffeur de taxi à la retraite, en a aussi. En 2014, pour la réception de la Fiorentina au premier tour de la C3, les Italiens "logeaient à l'hôtel Aigue Marine à Tréguier et j'avais été réquisitionné pour les transporter à Guingamp le soir du match", qu'il n'avait pu voir. "J'ai vu les Italiens dans ma voiture, j'étais quand même content", a-t-il raconté à l'AFP.
Un stade redécoré pour l’occasion
En dehors du stade floqué aux couleurs du SB29 ( une décoration qu'il faudra enlever immédiatement après le match, Guingamp recevant Annecy en Ligue 2 dès vendredi ), les seuls signes de l'évènement en ville sont pourtant les panneaux d'interdiction de stationner sur le parcours de la "Fan Walk", la procession de 500 supporters autrichiens (sur 800 au total) pour rejoindre le stade.
👀 Un ballon 𝒖𝒏 𝒑𝒆𝒖 𝒔𝒑𝒆́𝒄𝒊𝒂𝒍 ce matin pour l'entraînement 🇪🇺 pic.twitter.com/U1S20GLBP7
— Stade Brestois 29 (@SB29) September 16, 2024
"Je suis content pour Brest, mais un peu frustré, vu qu'on n'a pas accès aux tribunes à Guingamp. On aurait bien aimé voir les matches", a aussi regretté Pierre Macé.
Avec une capacité abaissée de 17.800 à 16.000 en configuration C1, les 10.000 tickets préemptés par les abonnés brestois, et les 100 ou 150 euros à débourser pour les 800 places encore disponibles mardi, peu de locaux assisteront au match depuis les tribunes.
🏟️ 𝐀𝐜𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐚𝐮 𝐬𝐭𝐚𝐝𝐞 𝐝𝐞 𝐑𝐨𝐮𝐝𝐨𝐮𝐫𝐨𝐮 : 𝐜𝐞 𝐪𝐮'𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐮𝐭 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫
— Stade Brestois 29 (@SB29) September 17, 2024
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Le prêt du Roudourou aux "voisins" brestois n'avait d'ailleurs pas fait que des heureux, en raison de la forte rivalité entre les deux clubs. Il y a quelques jours, des tags "Brest not welcome" ou "Mort à Brest" avaient été repérés aux abords du stade.
"Ils sont bizarres ces gens-là. Ils vont avoir la Ligue des champions une fois dans leur vie, et ils arrivent encore à râler", a soupiré Marc Le Faucheur, co-gérant du Lapin Rouge, le bar QG des supporters guingampais à 500 mètres du stade.
"C'est royal !"
Avec ses écharpes à la gloire de l'EAG et ses photos aux murs, il accueillera les supporters brestois en espérant un moment convivial.
Et même s'ils restent à la porte, beaucoup de Guingampais ne bouderont pas leur plaisir pour participer à la fête. "On va aller se promener un petit peu jeudi soir dans la ville pour voir un peu les arrivées des supporters et éventuellement des joueurs", a confié Jean-Pierre Corre.
"La Coupe d'Europe, c'est quand même royal ! Il n'y a pas beaucoup de villes de 7000 habitants, qui accueillent la Coupe d'Europe", a-t-il ajouté.
Du côté des hôteliers aussi, on se frotte les mains. Dès que les quatre dates des matches "à domicile" de Brest ont été connues, "il y a eu sur Internet des réservations. Souvent, nos réservations, c'est la veille pour le lendemain, ou 3-4 jours avant au maximum. Là, on a une visibilité pour ces dates-là avec 3-4 mois d'avance", a expliqué Julie Martin, 35 ans, propriétaire du Brit Hotel, près de la gare, qui affichera complet jeudi soir.
De quoi apporter de l'eau au moulin du maire de Guingamp, Philippe Le Goff, grand artisan du dépaysement des matches dans sa ville. "S'ils veulent venir jouer un cinquième match (en cas de qualification pour les huitièmes ou les barrages, NDLR), on sera très heureux de pouvoir continuer à les accueillir !", a-t-il même lancé, un brin optimiste.