La Cour des Comptes de Bretagne (CCR) estime que l'offre de soin de l'hôpital de Dinan doit être restructurée. Alors que les accouchements ont été suspendus faute d'anesthésiste la CCR préconise le transfert de la maternité à Saint-Malo. Un collectif de Dinannais appelle à manifester ce vendredi.
Ce vendredi 12 juillet une mobilisation est prévue à 18h devant la maternité de Dinan à l'appel d'un collectif de vigilance et d'une intersyndicale de salariés. Les habitants, les élus et les personnels s'inquiètent pour l'avenir du service gynécologie-obstétrique et plus largement pour l'avenir du Centre Hospitalier. Le rapport de la Chambre régionale des comptes est un nouveau coup de massue qui vient s'ajouter à la suspension des accouchements par manque de personnel.
Une situation financière dégradée selon la Cour Régionale des Comptes
Cinq jours après la suspension des accouchements pour une durée indeterminée, voilà donc que la Cour des Comptes de Bretagne publie un rapport dans lequel elle pointe du doigt une situation financière structurellement dégradée et pouvant s'apparenter à une cessation de paiement. Elle "recommande d’opérer le transfert de l’activité du bloc opératoire et du service gynécologie-obstétrique au centre hospitalier de Saint-Malo". C'est l'Agence Régionale de Santé qui a saisi la Cour des Comptes pour qu'elle formule un avis et propose des mesures de redressement.
Sur les causes et les solutions, la Chambre régionale des comptes estime que "le Centre Hospitalier souffre d'un manque d'attractivité, en particulier de la maternité", et estime que "le redressement de la situation passe par une restructuration de l'offre." Les experts de l'organisme de contrôle financier réconisent aussi de renoncer au projet de fusion des hopitaux de Dinan, Saint-Malo et Cancale en avançant l'hypothèse que la maternité de Dinan plomberait la situation financière du centre hospitalier de Saint-Malo.
"Une vision purement économique" pour l'élu Michel Forget
Pour l'élu dinanais Michel Forget (EELV) membre du collectif de vigilance, membre l'opposition au conseil municipal et membre de Dinan agglomération, ce rapport sème le trouble. "Ce rapport tombe à un très mauvais moment" réagit-il, rajoutant "ce n'est qu'une vision purement comptable qui est rendue là. Ils parlent de parts de marché pour parler du service gynécologie obstétrique ! " s'indigne l'élu qui ne manque pas de préciser que la Chambre régionale des Comptes n'a aucun pouvoir de décision, ce n'est qu'un organse consultatif.
Désormais Michel Forget estime qu'il est urgent de recruter anesthésistes et gynécologues pour relancer l'activité de la maternité, rassurer les citoyens et rétablir la confiance. "Le territoire a besoin du centre hospitalier de Dinan et notamment de sa maternité. La preuve c'est que depuis la suspension des accouchements à Dinan les femmes ont été renvoyées vers les établissements de Saint-Malo, Saint-Brieuc et Rennes." conclut l'élu
Des visions différentes de l'organisation de santé sur le territoire
La situation financière du Centre Hospitalier de Dinan et la pénurie de professionnels sont les deux tableaux sur lesquels s'opposent depuis plusieurs mois les différents acteurs du dossier.
Il y a d'un côté ceux qui estiment qu'il faut maintenir une activité de gynécologie-obstétrique à Dinan coûte que coûte et ceux qui estiment qu'il faut fermer ce service et privilégier un grand pôle à Saint-Malo. La sécurité des patientes est avancée par les deux parties. Les premiers estiment qu'il faut un service de proximité pour éviter les longs trajets. Les autres pensent qu'il faut privilégier un pôle avec une équipe complète de professionnels permanents tout en améliorant le réseau de transport.