Au deuxième jour de son procès devant la cour d'assises des Côtes-d'Armor, Simon Jégou continue de clamer son innocence. Jusqu'à vendredi, l'ancien toxicomane est jugé pour le meurtre de sa compagne, Claire Bouchaud, retrouvée poignardée en mai 2017.
Disparue le 22 avril 2017, Claire Bouchaud est retrouvée sans vie deux semaines plus tard dans la campagne à Cohiniac (Côtes-d'Armor). La jeune-femme, secrétaire médicale au centre hospitalier de Saint-Brieuc, avait été poignardée.
Au deuxième jour du procès de son compagnon, Simon Jégou, c'est la seule certitude des jurés. L'ancien toxicomane, accro à l'héroïne et aujourd'hui âgé de 33 ans, comparait devant la cour d'assises des Côtes-d'Armor jusqu'au vendredi 26 mars pour le meurtre de la jeune femme.
Une seringue avec l'ADN de l'accusé
Très vite, les enquêteurs avaient été intrigués par ce père de famille qui avait mis du temps à signaler la disparition de sa compagne. La découverte non loin du corps d'une seringue contenant son ADN a sans doute précipité sa détention. Mais depuis quatre ans, il clame son innocence.
Froid, pour ne pas dire glacial, l'accusé ne dévie pas de sa version initial répondant aux questions de la Cour avec aplomb et sans véhémence. Pour ce deuxième jour d'audience, son emploi du temps et notamment les messages laissés à Claire Bouchaud le jour de sa disparition ont été épluchés.
"Il faut croire que je ne réagis pas comme tout le monde."
A l'avocat général, qui s'étonne que Simon Jégou n'ait envoyé qu'un seul message à sa compagne disparue depuis trois jours, l'accusé répond: "Il faut croire que je ne réagis pas comme tout le monde. J'ai envoyé un texto, je ne voyais pas d'accusé de réception. C'est donc que son téléphone était éteint."
"C'est une personnalité complexe avec une sensibilité exacerbée mais qui se dévoile peu. Il reste dans l'intimité", explique maître Thomas jourdain-Demars, l'avocat de Simon Jégou. Et de marterler: "Je suis convaincu que s'il avait eu des aveux à faire, il les aurait faits (...). Nous sommes dans un dossier où les preuves n'existent pas. Il y a simplement des indices."
"Une enquête à charge"
Exemple: la découverte de la seringue. "Pas une preuve" selon maître Jourdain-Demas. "Cela prouve simplement que le couple avait l'habitude de se rendre à cet endroit de Cohiniac." Simon Jégou le fréquentait aussi pour s'y droguer en compagnie d'un acolyte, "ce qu'il n'a jamais nié".
D'autres relations
La défense déplore une enquête à charge pour lesquelles des pistes importantes n'ont pas été explorées. Claire Bouchaud avait noué d'autres relations amoureuses notamment avec un certain Stéphane Michel, accusé d'avoir poignardé deux autres personnes dans les six mois précédants le drame. Elle fréquentait également des sites de rencontres. Enfin, raconte maître Jourdain-Demas, "il y avait chez le couple beaucoup de va-et-vient liés aux stupéfiants. Des voitures immatriculées 13 [NDLR: Bouches-du-Rhône] ont été observées. (...) Ces pistes n'ont pas été explorées", regrette encore l'avocat de Simon Jégou.
Pour les parties civiles en revanche, la culpabilité de Simon Jégou ne fait aucun doute. Représentées par maître Cécile de Oliveira, elles espèrent que le procès donnera l'occasion au jeune-homme de revenir sur ses dénégations.
Les jurés de la cour d'assises ont jusqu'à vendredi pour se forger une intime conviction.... quatre jours pour choisir entre la réclusion criminelle à perpétuité et la relaxe.