Un pédophile breton a été condamné jeudi à dix-huit mois de prison supplémentaires, après que l'administration pénitentiaire ait découvert des images pédo-pornographiques sur l'ordinateur qu'il était autorisé à détenir dans sa cellule de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime).
Un homme âgé de 62 ans, purge dix-huit ans de réclusion criminelle pour les viols de deux adolescents commis à Brest en 2002 et 2003. Il est à présent détenu à Nantes (Loire-Atlantique) "pour se rapprocher de (sa) soeur" qui habite Lannion et "préparer sa réinsertion" lors de sa libération, qui était jusqu'alors prévue en 2023.
Cet ancien "routier marginal" - qui avait déjà vingt-huit condamnations au casier judiciaire - a expliqué jeudi au tribunal qu'il avait en fait "acheté" ces images à un codétenu de Saint-Martin-de-Ré grâce à "la revente d'alcool" illégale à laquelle il se livrait en prison : il avait en effet "reconstitué un alambic" dans sa cellule à l'aide de briques de jus de fruits. "Vous faisiez de l'alcool de fruits, on va dire ça... Mais aujourd'hui, on ne vous reproche pas d'avoir été un bouilleur de crûs illégal mais d'avoir détenu des images pédo-pornographiques", l'a recadré, grinçante, la présidente du tribunal.
"Il a préféré retomber dans ses travers"
En attendant, cette nouvelle infraction a obligé le prévenu à "mettre en suspens" sa thèse sur "La prison et la lutte contre la récidive" : ses travaux se trouvaient sur l'ordinateur qui lui avait été confié à cette fin et qui a été placé sous scellés. "On a foi en l'être humain, on croit toujours que la personne est récupérable... Mais lui, au lieu de travailler utilement sur sa thèse universitaire, il a préféré retomber dans ses travers et ses anomalies", s'exaspère le procureur de la République. Il avait donc réclamé trente mois de prison supplémentaires à l'encontre de cet homme.
"C'est un dossier forcément pas banal... Mais il ne s'est pas servi de cet appareil pour récupérer les images : il les a achetées à un détenu", avait insisté Me Pierre Huriet, l'avocat du pédophile breton. "Cela a été attesté par un spécialiste qui a examiné son ordinateur : tous les ans, celui-ci a été investigué, il n'y a pas eu de connexions suspectes."
Pour solliciter la clémence du tribunal correctionnel de Nantes, il avait également mis en avant le fait qu'un suivi socio-judiciaire de dix ans était d'ores et déjà prévu à la sortie de prison de son client.
Le prévenu ne récupérera au final pas son ordinateur mais espère pouvoir au moins récupérer ses travaux de thèse. Les juges ont prononcé la confiscation de l'appareil.