Située sur l'archipel des sept-îles, dans les Côtes d'Armor, l'île aux Moines est le "projet emblématique de la Bretagne" pour la mission Bern 2020. La réhabilitation du bâti défendue par le Conservatoire du littoral va donc voir le jour. Cela tombe bien car ce patrimoine est en péril.
Dire que Camille Mangel connaît l'île aux Moines comme sa poche est un fait établi. Située sur l'archipel des Sept-îles, au large de Perros-Guirec, elle est la seule à être accessible au public. L'homme en avait d'ailleurs fait son terrain de jeux quand il était encore minot. "J'avais un copain dont le père possédait un bateau, alors on y allait tous les jours". Il pourrait la parcourir les yeux fermés. Mais il préfère les garder grand ouverts et retrousser ses manches pour aider à la sauvegarde de ce patrimoine.
"Pour la caserne, il y a péril en la demeure"
Avec les bénévoles de l'association "7 îles 2000" qu'il préside, il ne s'occupe pas seulement de l'entretien des sentiers. Il veille aussi sur le bâti et, en particulier la caserne. "Il y a péril en la demeure, s'inquiète Camille Mangel. Le mur d'enceinte de la caserne subit les agresssions des marées. Il y a un trou d'au moins douze mètres dans le bas du mur".
La mission Bern au chevet de l'île aux Moines
L'année dernière, l'association avait déjà opéré des réparations sur le toit du bâtiment qui prenait l'eau. "Nous sommes des lanceurs d'alerte, explique ce passionné. Mais si ce mur n'est pas réparé avant le prochain hiver, il tombera"
Ce qui tombe bien en revanche, c'est la décision de la mission Bern pour la sauvegarde du patrimoine en péril : elle a retenu le dossier de candidature de l'île aux Moines, présenté par le Conservatoire du littoral qui est propriétaire du site. "Le projet emblématique de la Bretagne concerne le phare, le fort et la caserne" a annoncé Stéphane Bern, ce mardi 30 juin, en dévoilant la liste des dix-huit dossiers qui ont été sélectionnés. De quoi réjouir Camille Mangel qui y voit "une excellente nouvelle".
Le Conservatoire du littoral avait dans ses tablettes un projet de réhabilitation du phare, du fort et de la caserne de l'île aux Moines. Coût estimé : un million d'euros. La mission Bern financerait à hauteur de 400.000 euros. "Nous avons fait un certain nombre de travaux de conservation en urgence qui ont permis de préserver les édifices. Mais les matériaux n'étaient pas adaptés, explique Didier Olivry, le délégué régional du Conservatoire du littoral. Avec la mission Bern, c'est une nouvelle phase qui s'ouvre".
Le royaume des oiseaux marins
Outre la restauration de la caserne, celle du phare s'inscrit dans un projet de création d'un gîte à dimension culturelle et scientifique. "On y ferait de la science participative, indique Didier Olivry. Comme par exemple, le comptage et la surveillance des colonies d'oiseaux". Quant au fort, il sera sécurisé afin d'y accueillir du public. "Nous y aménagerons aussi une terrasse offrant une vue panoramique sur l'archipel".
Le Conservatoire du littoral veut "mettre en valeur les particularités de l'île et en restaurer l'esprit". Le loto du patrimoine est une manne financière sans laquelle tous ces travaux ne pourraient être réalisés. "Sans cette aide, on ne pouvait rien faire, note le délégué régional. Alors que cet archipel, c'est une proposition touristique exceptionnelle. C'est la première réserve naturelle à avoir été créée en France, c'est ici qu'est née la Ligue de protection des oiseaux. L'archipel abrite des milliers de fous de bassan, des phoques, des macareux, etc. C'est vraiment unique".