Alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont frappés par la peste porcine africaine, les éleveurs bretons semblent tirer leur épingle du jeu à mesure que le prix du cochon augmente.
Ça faisait longtemps que le prix du porc n'avait pas été aussi élevé en France : depuis 1992 pour être précis. Un boom rendu possible par l'arrivée en Chine de la peste porcine africaine en août 2018. Entre avril et novembre 2019, le cours du porc n'a pas cessé de grimper, pour le plus grand plaisir des éleveurs bretons.
Superstructure de 7000 bêtes
Un essor qui donne des idées à certains exploitants. Laurent Dartois était déjà à la tête de deux élevages près de Dinan, dans les Côtes d'Armor, d'où sortaient chaque année 36 000 cochons. Aujourd'hui, il suit la construction d'un nouveau bâtiment d'un hectare qui devrait accueillir pas moins de 7000 porcs. Autant dire l'une des plus grandes exploitations d'Europe.Il est vrai que les circonstances sont particulièrement favorables. Au marché du porc au cadran de Plérin, qui fixe les prix nationaux, le kilo de viande se vendait à 1,17 € en janvier 2019. En juillet de la même année il atteignait les 1,55 € et après un pic en septembre à près de 1,70 € il s'élevait en janvier 2020 à 1,53 €.Il y a un an et demi, je n'aurais sans doute pas été aussi confiant, reconnaît l'entrepreneur. Mais maintenant la conjoncture est là et elle nous permet d'aborder ce genre de projet avec beaucoup plus de sérénité.
Les acheteurs chinois séduits
De quoi ravir les éleveurs de Bretagne, la première région productrice de porc. Avec 8 065 000 têtes en 2018 d'après les données du ministère de l'agriculture, les effectifs bretons représentaient à eux seuls près de 60 % de la population porcine française.Une densité qui attire les acheteurs chinois. Touché de plein fouet par la peste porcine africaine, l'Empire du milieu a perdu près de 200 millions de bêtes depuis le début de l'épidémie, soit environ un quart de la population mondiale. Rien d'étonnant donc à ce qu'ils se rendent régulièrement en Bretagne pour acquérir des cochons qui assureront le renouvellement des cheptels.
Si elle fait le bonheur des éleveurs, cette augmentation des prix ne satisfait toutefois pas tout le monde. Chez les transformateurs, difficile de tenir le coup sans répercuter la hausse sur la viande. Il faudra pourtant composer avec : certains spécialistes estiment que l'épidémie pourrait maintenir les prix du porc au plus haut pour la décennie à venir.
Un reportage de Thomas Paga, Aurélie Janssens, Guy Sabin et P. Lacotte :