C’est à la fois une initiative locale et une première en France. Le groupement de gendarmerie des Côtes d’Armor a créé au printemps dernier une cellule en charge des atteintes à l’environnement. Installée à Perros-Guirec, elle intervient sur tout le département.
Une peau de zèbre. Impossible de la rater lorsque vous pénétrez dans les bureaux de la toute nouvelle cellule départementale installée dans les locaux de la Brigade de gendarmerie de Perros-Guirec. Cette peau d'animal qui semble avoir pas mal vécu, ne traduit en rien les velléités décoratives des deux gendarmes qui travaillent là, mais bien toute la diversité de la mission qui leur est confiée depuis le 1er septembre 2020.
25 polices spéciales de l'environnement
L'adjudant Matthias Choquet et le gendarme Laurent Tesson composent à eux deux la CAESP, la Cellule départementale des Atteintes à l'Environnement et à la Santé Publique.
C'est l'adjudant Choquet qui en a eu l'idée en août 2019 après avoir mené des investigations dans le domaine de l'environnement lors de ses précédentes affectations. "Je suis devenu enquêteur spécialisé", explique-t-il, "mais mes investigations se faisaient en plus du reste de mon activité de gendarme". Ce qu'il propose au chef de groupement des Côtes d'Armor, c'est de se consacrer à 100% aux dossiers liés aux infractions en matière d'environnement, précisant "qu'il existe 25 réglementations différentes" dans lesquelles la gendarmerie peut être compétente.
Le projet aboutit en avril 2020. La cellule naît officiellement le 1er mai, et le 1er septembre, elle est opérationnelle.
Les dossiers s'accumulent rapidement sur les bureaux des deux hommes. Il est vrai que du contrôle de la chasse ou de la pêche à la lutte contre les pollutions en tous genres, l'éventail est large. "Nous avons déjà une quarantaine de procédures en cours", confirme l'adjudant Choquet. "Cela va de la mise en vente sur des sites en ligne d'espèces protégées ou de produits illicites, à des infractions pour pollution avec des produits phyto, ou d'autres encore relevées sur des élevages agricoles".
Pour le gendarme Laurent Tesson, détaché de la Brigade de Lannion, le changement est énorme. "C'est vrai qu'auparavant mon activité dans ce domaine se limitait à des contrôles en matière de pêche ou de chasse, par exemple le long des berges du Léguer avec la problématique du saumon chez nous. Ça restait des missions particulièrement ponctuelles dans mon activité. Là, l'avantage, c'est qu'on peut vraiment se consacrer à ça, et on se rend compte qu'on a un champ d'action qui est énorme, avec tout un tas de possibilités, et c'est vraiment très très intéressant".
D'autres groupements intéressés par l'expérience
Un troisième gendarme doit bientôt rejoindre la cellule dont l'expérimentation court jusqu'au 1er juillet 2021. Mais l'initiative locale pourrait bien se poursuivre, et même faire école. L'adjudant Choquet et le gendarme Tesson ont ainsi déjà été contactés par leurs collègues d'Ile-de-France ou encore de Franche-Comté. "La problématique environnementale ayant une importance de plus en plus forte, les autres groupements de gendarmerie s'intéressent à notre projet. Et pourquoi pas, d'autres cellules pourraient être créées à l'avenir".