Cela fait des mois, des années qu'ils déplorent un accès aux soins dégradé. Urgences saturées, maternité fermée, médecins généralistes débordés, Ehpad en difficulté... Comme rien ne change sur leur territoire, une vingtaine de maires des Côtes d'Armor ont décidé d'attaquer l'Etat au motif de troubles à l'ordre public.
"Ça fait depuis trop longtemps qu'on attend... Ras-le-bol !" Ce sont des élus bien décidés qui se sont réunis lundi 3 juin à Belle-Isle-en Terre. Motif de la réunion : la santé de leurs concitoyen.ne.s.
Accès aux soins dégradé
"Tous les jours, on nous interpelle, nous élus, pour un accès aux soins dégradé, raconte Vincent Le Meaux, le président de Guingamp Paimpol Agglomération et maire de Plouëc-du-Trieux. Urgences, maternité, pompiers, Ehpad... Les raisons de mécontentement des habitants sont nombreuses dans ce département, il ne peut que le déplorer :
"Je n'ai pas accès à un médecin généraliste. Il me faut faire des kilomètres pour aller voir un spécialiste à Saint-Brieuc, Rennes ou Brest. Il me faut absolument une présence pour pouvoir accoucher. Il me faut du temps pour faire les soins du quotidien... Les citoyens interpellent tous les jours les élus. C'est criant : l'offre de soins n'est plus de qualité sur notre territoire !" s'agace l'élu costarmoricain.
"Les camions rouges, blancs et bleux circulent..."
Lundi soir, ils étaient une vingtaine à Belle-Ile-en-Terre, à dresser le même constat. Tous sont très attachés à leur système de santé, mais démunis face à la réalité : "Nous sommes face aux mêmes problématiques. On voit que les camions, rouges, blancs et bleus circuler partout en Bretagne pour essayer de trouver des urgences qui seraient en capacité de les recevoir."
Et l'élu d'énumérer : "Sur Lannion, sur Paimpol, sur Saint-Brieuc, les services sont en souffrance. A Guingamp, on a une équipe formidable qui accueille aux urgences nos concitoyens et concitoyennes mais cela ne pourra pas être une solution pérenne de voir ainsi les citoyens transporter ici et là."
Depuis des mois, ils ont multiplié les actions. Comités de défense de l’hôpital public, initiatives syndicales et politiques, mobilisations, manifestations, groupes de travail, rencontres... Leurs appels sont restés sans réponse.
Après les SOS, l'arrêté
Comme ils ont tous le pouvoir de police sur leur territoire, ces maires ont donc décidé d'agir autrement. , "Aujourd’hui, les élu.e.s des Côtes d’Armor, avec le soutien des habitants, des associations, des collectifs, ont décidé d’assigner l’Etat face à leurs responsabilités en portant un arrêté" explique leur communiqué.
"Il est temps. Parce que nos concitoyen.ne.s de nos territoires n'ont plus accès digement à la santé dans nos communes, intercommunalités et dans nos territoires. En terme de santé publique et d'accès aux soins, en terme de dignité humaine tout simplement, nous interpellons l'Etat."
Vincent Le Meaux, président de Guingamp-Paimpol Agglomération
1 000 euros par jour
Sous injonction de 1.000 euros par jour de retard de déploiement d'un plan d'urgence, nous voulons contraindre l'Etat à une réponse rapide car nous attendons des réponses depuis trop longtemps.
Les élus ont en effet plein de dossiers en attente : "A Guingamp nous attendons la construction d'un hôpital de plein exercice, à Lannion nous attendons des urgences ouvertes 24h/24, à Saint-Brieuc nous demandons que les soignants soient dans de bonnes conditions face aux flux."
"Les élus locaux prennent leur responsabilité. Maintenant à l'Etat de prendre les siennes !" conclut le maire de Plouëc-du-Trieux, qui invite d'autres élus à rejoindre le mouvement.
Pour l'instant, les maires de Saint-Quay Perros, Belle-Isle-en-Terre, Plounévez-Moëdec, Guingamp, Loc-Envel, Kermaria-Sulard, Ploulec’h, Plouguiel, Troguéry, Lanmodez, Plouha, La Roche-Jaudy, Pontrieux, Kerpert, Senven-Léhart, Louargat, Grâces, Plougonver, Pont Melvez et Pédernec se sont engagés.