La foire BioZone, un des grands rendez-vous de l'agriculture biologique en Bretagne, se termine ce dimanche 10 septembre 2023 à Mûr-de-Bretagne, dans les Côtes-d'Armor. Dans les allées, producteurs et consommateurs sont convaincus de la nécessité de préserver le secteur, alors que la consommation de produits bios est menacée par l'inflation.
À Mûr-de-Bretagne, dans les Côtes-d'Armor, la foire BioZone, qui met en avant les produits biologiques, se termine ce dimanche 10 septembre 2023 à 18 heures. Mais l'embellie de la période Covid est maintenant terminée et la consommation de produits biologiques diminue en France en raison de l'inflation. La foire veut donc amener de nouveaux consommateurs vers des producteurs bios triés sur le volet.
"Découvrir l'écologie du quotidien"
"La foire prône l'écologie au quotidien, on fait un tri très sérieux de tous les dossiers, puis des visites", détaille Mickaël Auffret, président de l'Association Produire et Consommer Biologique. "On veut sensibiliser le grand public, pour qui c’est l’occasion de découvrir ce qu’est l’écologie au quotidien en venant à la foire."
L'inflation n'est en effet pas le seul problème du secteur. "La sensibilité du consommateur allant vers plus d’écologie, beaucoup d’industriels ont créé des labels pseudo-écologiques. Le seul vrai label, c'est le label bio avec ses dérivés, Nature et progrès, ou la biodynamie", résume Mickaël Auffret.
Les 180 producteurs présents sur la foire s'interrogent sur leur avenir. Michel Cluzet, maraîcher bio, s'inquiète des conditions d'installation en bio : "On doit maintenir les prix pour garder le consommateur mais tous les coûts de production augmentent. Le jeune qui arrive en agriculture ne peut pas se permettre de faire du bio aujourd’hui, avec le coût de la terre et le coût du matériel."
Si ça continue, il n’y aura plus de légumes bios en France, ou même de céréales.
Michel CluzetMaraîcher bio
Il poursuit : "Un collègue m'a dit que les brocolis se vendent en chimique à 1,50 euro le kilo, et en bio, à 1 euro le kilo. Si ça continue, il n’y aura plus de légumes bio en France, ou même de céréales."
Tanguy Germain, boulanger bio, expose pour la première fois à la foire BioZone. Venu au bio pour "le respect du produit et de la clientèle", il constate que les consommateurs se sont détournés des produits bio. Selon lui, "pendant le Covid, on a senti que les gens revenaient aux vraies valeurs. Mais quand les gens veulent bien manger, il faut mettre le prix et on a pu perdre quelques clients."
Les décisions des consommateurs
Les producteurs bios rencontrés sur la foire estiment que c'est dans les choix des consommateurs que repose une partie de la solution.
Il vaut mieux manger un peu moins mais bien.
Tanguy GermainBoulanger bio
Il faudrait alors que les consommateurs redonnent la priorité à l'alimentation dans leur budget. C'est en tout cas le choix qu'a fait Virginie Lagrange, venue en voisine à la foire. "Le bio, c'est un choix de vie. Pour moi, le prix est un faux problème", déclare-t-elle. "Il y a 100 ans, nos parents et grands-parents mangeaient plus de légumes et peu de viande, ils étaient prêts à mettre le prix. Aujourd’hui, les prix sont tellement bas que ce n’est pas bon pour personne."
Pour Mickaël et Anne Hourman, qui mangent bio depuis trente ans, l'éducation est une question centrale. "Le budget alimentation est pour nous très important, et nos enfants, qui ont entre 18 et 25 ans, privilégient des produits sains. On en est très fiers."
Ce dimanche, des animations et conférences, organisées en parallèle à la foire, auront d'ailleurs pour but de sensibiliser les visiteurs à d'autres façons de consommer et de s'alimenter en bio.