Yves-Marie Le Lay, militant de la première heure sur les dangers des algues vertes en Bretagne a reçu un courrier du préfet des Côtes-d’Armor lui reprochant sa présence sur la plage d’Hillion lors d’un reportage. La réponse du pionnier dans la lutte ne s’est pas fait attendre.
“Vous vous exposez en toute connaissance de cause à des concentrations de gaz importantes ainsi que les personnes qui vous accompagnent” ou encore “je serais amené à signaler ces différentes infractions [...] au Procureur”. Voici les reproches et avertissements formulés par le préfet des Côtes-d'Armor au militant écologiste Yves-Marie Le Lay.
"Irresponsable"
Dans une lettre adressée au défenseur de la cause écologiste, le représentant de l'État qualifie d' "irresponsable" la présence d'Yves-Marie Le Lay ainsi que de militants écologistes sur un site infesté d'algues vertes.
Le préfet, Stéphane Rouvé, rappelle au militant que son combat en faveur de l'écologie ne lui "autorise pas à mettre la vie de personnes en danger".
Présent avec des journalistes sur un site infesté
Le lanceur d’alerte, militant sur la dangerosité des algues vertes, s’était rendu sur la plage d’Hillion, connue depuis le décès de Jean-René Auffray le 8 septembre 2016. Le joggeur de 50 ans avait été retrouvé mort dans une vasière envahie d’algues vertes à l’embouchure du Gouessant. Depuis le 2 juillet 2021, le site de la plage de la Grandville est interdit au public par arrêté municipal.
Afin de continuer d’alerter sur la toxicité mortelle des gaz issus de la putréfaction des algues vertes en décomposition, Yves-Marie Le Lay avait participé à des reportages en février et juillet 2023. Et cela n'a pas plu au préfet des Côtes-d'Armor.
Alors que l'État a été condamné pour inaction
“Je m’interroge sur l’irresponsabilité dont je serais l’auteur” renvoie au préfet le Breton de Plestin-les-Grèves. Yves-Marie Le Lay rappelle au préfet que par son obstination "à fréquenter ces zones sensibles", cela a permis "de mettre en évidence le préjudice écologique pour lequel vous avez été condamné le 18 juillet par le Tribunal Administratif de Rennes, à la demande de notre association".
Le lanceur d'alerte, président de l'association Sauvegarde du Trégor, fait référence à l'obligation reçue par l'État d'agir dans un délai de quatre mois, à partir de ce 18 juillet 2023, pour accentuer les mesures de lutte contre les algues vertes, notamment en mettant en place des "prescriptions particulières applicables sans délai aux exploitations agricoles".
Une "tentative d'intimidation" qui fait flop...
Le même courrier de reproches avait été envoyé à André Ollivro, également militant contre la pollution aux algues vertes. Dans les colonnes du Parisien, André Ollivro avait pris la parole pour rappeler que "sans notre action, il n’y aurait même pas d’arrêté municipal. Encore une fois, ils cherchent à faire taire ceux qui montrent les dégâts de l’agriculture intensive".
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Pour Yves-Marie Le Lay, "ce courrier est une tentative d'intimidation qui fait flop". Le militant s'amuse, "j'ai répondu ironiquement au préfet, car s'il croit que cette lettre va nous arrêter alors que nous combattons depuis tant d'années, il se trompe lourdement".
Le président de l'association écologiste estime que cette lettre est "la preuve que pour la préfecture, il y a panique à bord. Ils ne savent plus comment régler le problème."
... alors que le film "Algues vertes" fait un record
Dans sa réponse au préfet, Yves-Marie Le Lay souligne que "sa pratique de la désobéissance civile" liée à sa présence sur un site interdit, n'a pour but que "d'alerter sur la grave toxicité de cette pollution."
Et il glisse malicieusement, au représentant de l'État, que la préfecture a tout intérêt à bien prendre en compte cette pollution, sinon cela "rajouterait encore à l’image très dégradée de vos services telle qu'elle apparaît dans le film Algues Vertes".
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Dans le film "Algues Vertes" qui dépasse les 200.000 entrées dans les cinémas, l'action militante d'André Ollivro et de Yves-Marie Le Lay est mise à l'honneur. Dans le film issu de la bande dessinée d'Inès Léraud, l'inaction de l'État y est fermement décriée.