ÉDUCATION. A Loudéac, les enseignants craignent la réintégration d'une élève exclue pour violence

A Loudéac, dans les Côtes-d'Armor, des enseignants du lycée Fulgence-Bienvenüe ont cessé le travail, ce vendredi 9 juin 2023, pour manifester leur opposition à la réintégration par le rectorat d'une élève exclue pour violence. Elle avait agressé l'infirmière scolaire.

Ils sont plus d'une trentaine de professeurs, accompagnés de quelques élèves, ce vendredi 9 juin, devant l'entrée du lycée Fulgence-Bienvenüe à Loudéac, dans les Côtes-d'Armor. Ils manifestent ainsi leur désaccord avec la décision du rectorat de Rennes de réintégrer une élève. Cette dernière avait pourtant été exclue définitivement de l'établissement par le conseil de discipline, suite à l'agression de l'infirmière scolaire.

"On espère sans trop y croire que le rectorat reviendra sur sa décision, explique Sandra Nessah professeure d'Histoire-Géogaphie dans ce lycée. Nous nous sentons collectivement en insécurité et nous voulons laisser une trace avec notre manifestation, comme ça, si à la rentrée, cela se reproduit, on aura prévenu" ajoute-t-elle. Lycée est par ailleurs reconnu comme "très tranquille" par l'enseignante en Histoire-Géo. 

L'infirmière frappée au visage

En mars dernier, l'élève frappe l'infirmière scolaire au visage. Suite à son agression, celle-ci se voit délivrer dix jours d'interruption temporaire de travail. Le conseil de discipline de l'établissement décide l'exclusion définitive de l'élève. Et l'infirmière porte plainte.

Les parents font appel auprès du rectorat et obtiennent gain de cause. Le rectorat fait savoir par communiqué qu'il "a confirmé la décision du conseil de discipline, soit une exclusion définitive, en lui assortissant un sursis d'un an"

Les services de l'éducation nationale dans la région expliquent que "le sursis posé sur la confirmation de l’exclusion définitive est motivé par la situation de l’élève. La jeune fille n’a aucun antécédent de violence et n'avait fait l'objet d’aucune punition ni sanction depuis le début de sa scolarité au lycée. Au regard de la formation suivie et de l’environnement familial, la commission a également pris en compte le risque majeur de déscolarisation."

L'élève reprendra donc sa scolarité par l'intermédiaire de son stage dès le 12 juin. 

Les professeurs ne sont pas sereins

"Les collègues vont devoir suivre le stage de cette élève et l'organiser en amont avec elle et ses parents, stage qui durera jusqu'à la fin de l'année scolaire" détaille Sandra Nessah. 

"Comment envisager les temps pédagogiques et éducatifs sereinement à la rentrée prochaine ? Comment intervenir auprès de l'élève en difficulté de santé si elle refuse que les infirmières l'approchent" interrogent les professeurs dans une lettre ouverte de soutien à leur collègue infirmière.

D'autant que selon Sandra Nessah, les enseignants craignent que ce genre d'événements ne se reproduisent à la rentrée, lors de la réintégration en cours de l'élève.

L'élève n'a pas été violente auparavant

Avant ce coup de poing asséné à l'infirmière, "l'élève n'a pas été violente auparavant mais elle a une relation compliquée avec le personnel soignant de l'établissement qui devait gérer ses malaises" détaille la professeure. 

Le père de l'élève de 15 ans apporte sa version des faits, sa fille dans "un semi-coma a donné un coup de manière involontaire à l'infirmière. Tout le monde la prend pour une méchante mais ce n'est pas le cas. Elle a une phobie scolaire et est suivie pour ça." Selon lui, sa fille doit éviter la foule et cette préconisation n'est pas respectée au collège. 

Le rectorat reconnaît l'émotion de l'infirmière suite à cette décision et ajoute que "le proviseur du lycée lui apporte tout son soutien, avec le plein accompagnement des autorités académiques informées et mobilisées sur cette situation."

Le rectorat souhaite apaiser la situation

Le communiqué du rectorat précise par ailleurs que la "situation [de l'infirmière] est tout particulièrement suivie par les infirmières conseillères techniques du Directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) et du Recteur" et qu'elle sera reçue à sa demande au rectorat. 

"La famille sera reçue par le proviseur avant l'été, pour préparer et pacifier le retour au lycée." Le rectorat dit travailler avec le proviseur du lycée à la mise en place d'un dispositif sous la forme d'un protocole écrit, pour le retour de l'élève en septembre en cours. 

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