Jean-Luc Mélenchon, qui va s'impliquer plus dans la campagne LFI des Européennes, reforme ce jeudi soir à Saint-Brieuc un duo de meeting avec sa tête de liste Manon Aubry. Deux profils très différents, et qui se veulent complémentaires pour relancer les Insoumis en vue du scrutin.
Le patron des députés LFI, focalisé auparavant sur le travail parlementaire et le soutien aux "gilets jaunes", assume désormais pleinement son statut de chef de file des Insoumis en campagne. Après Caen il y a 15 jours et Saint-Brieuc ce jeudi, il ira à Nîmes le 5 avril et à Amiens le 10 avec François Ruffin. M. Mélenchon multiplie aussi les attaques contre EELV, les appels à aller voter...
Rendez-vous ce jeudi 28 mars à 19h30 à #SaintBrieuc pour un meeting avec @ManonAubryFr. Partagez pour diffuser l'info ;) !#SaintBrieucFi
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 27, 2019
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"Il était très en retrait. Or c'est celui qui est le mieux placé pour mobiliser notre électorat", glisse un proche, qui dit avoir demandé avec d'autres à l'ancien candidat à la présidentielle d'être "plus présent dans la campagne".
Il voit d'ailleurs dans la stabilisation depuis quelques semaines des intentions de vote pour LFI dans les sondages - autour des 8% après une période de baisse continue - un premier résultat de cette implication: "Jean-Luc est notre meilleur atout", assure cette source, même s'"il peut parfois être un handicap." Le "handicap"?: "Dans nos sondages très mauvais, on paye le fait d'avoir accumulé des positions clivantes contre toutes les autres forces de gauche, et les perquisitions qui ont été une rupture épouvantable pour l'image de Jean-Luc Mélenchon", analyse un cadre insoumis.
Ce retour aux affaires de M. Mélenchon dans la campagne, "c'est normal pour une liste sans cadors... Qui s'imaginait que le duo de tête Aubry-Bompard allait exploser le mur de la notoriété?", souligne un candidat insoumis aux européennes. "Manon Aubry n'est pas une bête de scène, mais Nathalie Loiseau chez LREM non plus. Elle n'a pas à rougir, elle fait le job".
Relativement méconnue à sa désignation début décembre, l'ancienne porte-parole d'Oxfam, représentante de l'ouverture à la gauche de la société civile décidée par LFI pour adoucir son image, enchaîne depuis les meetings en petit et grand comité, quatre à cinq fois par semaine. Avec des progrès sur scène et l'avantage de la fraîcheur, dans un style moins lyrique que Jean-Luc Mélenchon. "Il y a un ou deux mois, les militants se demandaient un peu qui j'étais. Mais ils reconnaissent maintenant que j'apporte du sang neuf,
que je parle avec mes mots et ne ménage pas mes efforts", dit-elle à l'AFP. Un électeur de M. Mélenchon à la présidentielle confiait à l'AFP, lors du meeting à Caen, être déboussolé: "C'est lui qui me fait hésiter, moi je suis venu voir la tête de liste".
Electorat "double"
La "phase 3", selon le jargon des Insoumis, est enclenchée. Bastien Lachaud, un fidèle de Jean-Luc Mélenchon, a été nommé directeur de campagne. Mais Manon Aubry récuse toute "reprise en main" de la campagne par Jean-Luc Mélenchon, dont le timing d'entrée en campagne était calculé: "Il ne participe pas aux réunions de campagne, n'a décidé de rien, ni des dates ni des lieux. Il n'est pas forcément preneur, d'ailleurs. Différents porte-voix s'expriment, ça montre que le mouvement ne se résume pas à lui", même s'il reste "un personnage central qui a permis une unité du mouvement".