410 agents en arrêt maladie, soit 12% de l’effectif. Fatigue, Covid, difficultés de recrutement. L’hôpital Yves Le Foll de Saint-Brieuc est au bord de l'implosion. Toutes les activités de médecine et de chirurgie non urgentes ont été déprogrammées durant les vacances de Pâques.
C’est un taux d’absentéisme record. L’hôpital de saint Brieuc compte 410 agents actuellement en arrêt de travail, soit 12 % de l’effectif. Pour combler ces absences, les soignants, permanents et vacataires, sont constamment sollicités pour faire des heures supplémentaires et revenir pendant leur repos.
Les jeunes infirmières qui arrivent ici, arrivent une journée, puis elles repartent.
ChristopheAide-soignant à l'hôpital de Saint-Brieuc
L’hôpital fait aussi désormais appel aux intérimaires qui passent de service en service. Peggy, infirmière en pneumologie, fait partie du personnel permanent qui voit les remplaçants défiler. Une surcharge de travail pour elle : "Les équipes tournent beaucoup, donc il faut former, déformer, reformer. Ça a un impact sur la charge de travail". Ce que confirme son collègue Christophe, aide-soignant depuis 30 ans : "Ça m’inquiète, je ne me sens pas en sécurité. Les jeunes infirmières qui arrivent ici, arrivent une journée, elles repartent, et donc il n’y a pas de suivi donc le jour où il y aura un problème, sur qui ça va tomber ?"
Déprogrammations durant les vacances de Pâques
Face au manque de personnel et pour préserver les congés d’équipes déjà épuisées, la direction a décidé de déprogrammer toutes les activités de médecine et de chirurgie non urgentes, prévues pendant ces deux semaines de vacances scolaires. "C’est une décision qui a été prise en cellule de crise composée de médecins, de cadres de l’établissement compte tenu de la situation d’absentéisme, explique Jean-Baptiste Fleury, directeur adjoint de l’hôpital. Cette décision est collective et murement réfléchie. Chaque situation de patient sera examinée individuellement et reprogrammée en fonction de l’état des patients."
Fermetures de lits
Pour les représentants du personnel cette décision est nécessaire mais non suffisante. Ils estiment qu’à ce jour aucune solution concrète n’est proposée pour améliorer les conditions de travail et parer à la pénurie de soignants. "Forcément sur le territoire il y aura des fermetures de lits liées à la pénurie de personnel, alerte Maxence Forestier, secrétaire général adjoint CFDT Santé Sociaux des Côtes d'Armor. On en a déjà évoqué à Guingamp, Paimpol, Lamballe, Lannion. Du coup les patients vont devoir se rediriger vers un autre hôpital et ils vont venir à Saint-Brieuc. Du coup accroissement de travail et impact sur agents."
Inquiétude pour les congés d'été
Dans les hôpitaux de Guingamp, Lannion-Trestel, Paimpol, Quintin, Lamballe, Saint-Brieuc et Tréguier, il manque 210 aides-soignants et infirmiers, estiment les syndicats. Une situation angoissante pour les soignants et la direction de l’hôpital de Saint-Brieuc à l’approche des congés d’été.