Parce que les odeurs de crêpes et le bruit dérangent leur voisin, les propriétaires d'une crêperie des Côtes-d'Armor se sont retrouvés devant la justice ce 20 avril 2023. Le plaignant réclame une expertise judiciaire. "On est là pour travailler, pas pour embêter le monde" se défend Alexandre Polge qui a ouvert ce restaurant en 2020.
"On est soulagés". A la sortie du tribunal judiciaire de Saint-Brieuc, ce 20 avril 2023, Alexandre Polge souffle un peu. Lui et sa compagne, propriétaires d'une crêperie à Erquy, dans les Côtes-d'Armor, ont été assignés en justice par un voisin que les odeurs de crêpes, le bruit de la plonge et du parking dérangent.
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L'audience en référé n'a d'ailleurs porté que sur les nuisances sonores et olfactives pour lesquelles le plaignant demande qu'une expertise judiciaire soit menée.
"Ils ont énormément investi"
"On est là pour bosser pas pour embêter le monde" déclare Alexandre Polge qui se dit également "confiant pour la suite car, souligne-t-il, on a toujours fait les choses dans les règles".
L'affaire n'est pas banale et a quelque peu ébranlé le couple qui rappelle avoir réalisé 170.000 euros de travaux pour isoler le coin vaisselle, éloigner le parking et installer une hotte sur le toit pour l'évacuation des fumées. La réunion de conciliation avec le voisin n'a pas suffi à apaiser les tensions.
Voilà donc les propriétaires de la Crêperie du pêcheur devant la justice qui doit désormais décider si expertise il y aura ou pas. Selon l'avocate d'Alexandre Polge, "la main a été tendue à plusieurs reprises et n'a jamais été saisie par le plaignant et sa femme, explique Me Laurence Courouge-Le-Bihan. Si on ne communique pas, si on ne parle, si on ne dialogue pas, on n'y arrive pas".
Elle souligne également l'inquiétude de ses clients "qui craignent que leur voisin ne souhaite qu'une chose : la disparition de leur crêperie, dans laquelle ils ont énormément investi, dans laquelle ils ont mis quasiment leur vie. Tout a été fait pour que la situation rentre dans l'ordre".
"Faire un mesurage objectif"
La demande d'expertise judiciaire par le plaignant vise "à savoir si la crêperie en question fonctionne conformément au code de la Santé publique, indique son avocat, Me Christophe Sanson. Elle va aussi servir à faire un mesurage objectif".
Il réfute la volonté du couple voisin de voir la crêperie fermer. "Cette crêperie est en extension, dit-il. Il y a des améliorations à faire. Le problème de l'extracteur de cuisine n'est pas réglé. Sur la base de l'expertise, mes clients aimeraient que des travaux soient faits sur le silencieux de l'extracteur, de manière à régler définitivement le problème".
Le tribunal judiciaire de Saint-Brieuc rendra sa décision le 11 mai.
(Avec Maylen Villaverde)