Plusieurs salariés du groupe allemand Lidl accusent leur employeur de discrimination syndicale et harcèlement moral au travail. Il y a deux ans et demi, après le dépôt de plusieurs plaintes, une enquête avait été ouverte par le parquet de Saint-Brieuc. Le procureur de la République, Nicolas Heitz, a rendu un non-lieu mercredi 22 mars, et abandonne donc les poursuites contre les cadres visés par les plaintes.

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Deux ans et demi d’enquête, une quarantaine de plaintes, des dizaines de témoignages, et un non-lieu. Faute "d’indice grave ou concordant justifiant d’une mise en examen", le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, a rendu un "réquisitoire définitif aux fins de non-lieu total", mercredi 22 mars, dans l’affaire qui oppose des salariés du groupe Lidl en Bretagne à leur employeur. Le dossier est donc clos, et aucun des cadres de l’entreprise accusés de harcèlement moral et discrimination syndicale par les plaignants, ne sera donc mis en examen.

"Management par la peur"

L’affaire avait débuté le 24 juillet 2020. Le parquet de Saint-Brieuc reçoit alors un courrier dénonçant des faits de discrimination syndicale et de harcèlement sur le lieu de travail au sein de la direction régionale de Lidl à Ploumagoar (Côtes-d’Armor). Cinq jours plus tard, le parquet saisit une enquête préliminaire la brigade de recherche de la compagnie de gendarmerie de Guingamp (Côtes-d'Armor) et la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi).

Les employés qui ont déposé plainte dénoncent alors un "management par la peur" et un climat délétère sur leur lieu de travail. En février et en juin 2021, l’équipe encadrante de la direction régionale de Bretagne, composée de dix personnes, est placée en garde à vue, et une information judiciaire est ouverte.

En septembre 2021, la directrice du magasin Lidl de Lamballe, Catherine Lucas, met fin à ses jours. Salariée du groupe depuis 27 ans, elle avait porté plainte avant sa mort contre son employeur. Dans une lettre laissée à ses proches, Catherine Lucas citait nommément son employeur ainsi que certains de ses responsables hiérarchiques.

"Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir"

"Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir", souffle l’un des plaignants, qui reste stupéfait, depuis qu’il a pris connaissance du non-lieu dans la presse hier. "Une telle décision laisse songeur", poursuit celui qui souhaite rester anonyme. Amer, il regrette que la décision du procureur concerne l'ensemble des plaintes. Il pense aux proches de sa collègue, Catherine Lucas.

La famille de Catherine Lucas ne peut pas accepter ça, j’espérais que sur ce dossier-là, qui est le plus emblématique de cette affaire, la décision serait différente.

Un ancien salarié de Lidl, qui avait lui aussi déposé plainte

Celui qui avait lui aussi dénoncé des faits de harcèlement moral dans l’entreprise allemande en 2020 pense aux salariés toujours en poste. "C’est inquiétant pour eux, ils ne sont pas protégés", avance l’ancien employé. Il sait qu’une partie de ceux qui ont porté plainte contre leur employeur doivent encore travailler sous les ordres de l’un des managers mis en cause. Persuadé que "le dossier n’a pas été pris au sérieux", l’homme ne s’avoue pas vaincu. "On va se concerter avec nos avocats (ceux des plaignants, n.d.l.r) pour étudier les recours possibles", prévient-il.

Ce jeudi 23 mars, la direction régionale de Lidl n’a pas répondu à nos sollicitations. De leur côté, les syndicats ne souhaitent pas réagir à la décision du procureur à l’heure actuelle.

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