"Ou bien on arrête tout, ou bien on se pend dans un frigo", à Quintin, les propriétaires de l’abattoir mettent la clé sous la porte

Dans les Côtes-d'Armor, l'abattoir de Quintin va fermer. Face à des contraintes qu'ils estiment trop lourdes, les propriétaires ont décidé subitement de mettre la clé sous la porte. Il en va, disent-ils, "de la santé du personnel et des dirigeants". L'entreprise emploie 30 salariés.

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À l’abattoir de Quintin, le coup de grâce remonte à la mi-juin. Sur la chaîne, ils ne sont que plus que 4 quand la charge de travail nécessite logiquement la présence de 9 salariés.

"C’est un mauvais concours de circonstances, raconte Pascale Thébault, codirigeante de l'entreprise. On manquait de monde, il y avait eu des démissions, on avait des gens en vacances, en arrêt maladie. Ceux qui restaient ont redoublé d’efforts pour faire le job. Et mon mari, 70 ans, le propriétaire, est même allé prêter main-forte".

"Le soir il est rentré, il était totalement épuisé. Je lui ai dit, il faut que ça s'arrête, tu vas finir par te pendre dans un frigo ! Ici, même le responsable de site a pété une durite

Pascale Thébault

Codirigeante de Quintin Viandes

"Le bien-être animal en abattoir, c’est très important. Mais le bien-être des salariés, des dirigeants, on en fait quoi ? Nous, on est juste des humains, alors on jette l’éponge ! 

"Manque de personnel, hausse des charges, pression administrative, concurrence déloyale" 

Quintin Viandes va donc fermer ce 28 juin 2024. Dans la petite commune des Côtes-d’Armor, l'abattoir avait vu le jour en 1905, traversé le siècle, avant d’être repris en 2001 par les époux Thébault. Avec sa salle de découpe, sa boutique, ses camions pour aller chercher les animaux ou livrer la viande, il faisait travailler une trentaine de salariés.

Pour justifier la fermeture, Pascale Thebault réfute tout problème économique ou sanitaire. En fait dit-elle, il y a plusieurs facteurs : "La hausse des charges d'abord. L’augmentation des coûts de l’énergie et du traitement des eaux, notamment est impossible à répercuter sur les prix de vente, si l’on veut rester compétitif". Et d'ajouter : "Il y a les difficultés à recruter du personnel. Si on a des intérimaires méritants, ils ne sont pas toujours très qualifiés".

Troisième facteur, selon Pascale Thébault, "la pression administrative, avec des exigences croissantes des services vétérinaires. Je comprends que les services de l’État fassent leur travail, assure-t-elle, heureusement que la loi existe, il n’y a pas de problèmes là-dessus. Mais il y a la manière".

Et puis, autre contrainte, une concurrence qu’elle estime "déloyale de la part des abattoirs communautaires qui bénéficient d’aides financières de collectivités. Et qui attirent à la fois nos clients et nos salariés".

Pour la dirigeante de l'abattoir privé, "c'est le cumul de ces quatre facteurs qui devient ingérable".

Dans une petite entreprise, on n’a pas les épaules assez larges pour faire face à toutes ces contraintes. On n’est pas une grosse boîte avec plein de services. Pour nous, la charge mentale est devenue trop importante, on est à bout

Pascale Thébault

Codirigeante de Quintin Viandes

L'abattoir mis en vente  

À Quintin, si la chaîne d’abattage s’arrête le 28 juin, la salle de découpe et la boutique installées à Saint-Brandan vont encore tourner quelques jours pour terminer le travail.

Ensuite, précise la cogérante, "il y aura des licenciements économiques. On va mettre en vente. 500.000 euros."  

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