Les pêcheurs vent debout, avis de tempête pour le parc éolien en Baie de Saint-Brieuc

Il règne comme une ambiance de bataille navale ce lundi matin en Baie de Saint-Brieuc. Les pêcheurs ont pris la mer pour perturber le début des prospections du futur parc éolien briochin. 

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La mer est calme. Mais l'ambiance est plutôt tendue. Tôt ce matin, ils ont embarqué à Saint-Quay-Portrieux, Erquy, Paimpol ou encore Saint-Cast-le-Guildo.

Au total, une trentaine de pêcheurs de la Baie de Saint-Brieuc sont allés à la rencontre du Geo Ocean IV, le navire de la société hollandaise GEO XYZ, missionnée par RTE, le gestionnaire du Réseau de Transport d' Electricité, pour effectuer des sondages sur les fonds marins. Il s'agit de réaliser des études préparatoires à l'enfouissement des câbles électriques qui doivent assurer le raccordement des futures éoliennes du projet porté par la société Ailes Marines.
 
Des prospections vues d'un très mauvais oeil par le monde de la pêche. Grégory Métayer est le patron du Black Pearl II, avec lequel il pêche de la seiche, de la sole et de la coquille Saint-Jacques. Il est aussi le vice-président du comité local. Pour lui, comme pour ses collègues, c'est une question de survie de leur activité.

"On nous met au pied du mur. Le but c’est de les dissuader de faire ces analyses. Ils risquent de nous priver de poissons qui peuvent partir ou mourir à cause de ces travaux.  Ils risquent de bousiller nos fonds marins. Et nous empêcher de travailler. On attend toujours les études ! "
 


Dans les Côtes d'Armor, la flottille côtière représente 220 bateaux. Cela veut dire entre 800 et 1000 marins potentiellement touchés par le projet éolien. Des équipages qui ont déjà souffert de la fin prématurée de la saison de la coquille, arrêtée dès le 11 mars, au lieu du 1er avril, à cause du confinement.

"Six marées de perdues... sur une quarantaine de sorties durant la saison, ça fait mal", avoue Grégory Métayer.  C'est tout simplement 10 000 euros de perte rien que pour le Black Pearl II.
 

Arrivés sur zone, les pêcheurs essaient d'entrer en contact avec l'équipage du Geo Ocean IV.
Via la radio, Gwénaël Riou à bord de son bateau « le Côte Ouest » basé à Saint-Quay-Portrieux, demande au navire "de changer de route, et de faire cap au nord". Un message reçu par le commandant hollandais mais sans réponse de sa part. Le Geo Ocean IV a toutefois replié son câble sondeur à l’arrivée des pêcheurs.

Sur le Black Pearl II, Grégory Métayer poursuit l'état des lieux. La seiche, par exemple, pâtit elle aussi du Covid-19, et surtout des mesures de confinement puisque plus de 50% sont expédiés vers l'Italie et l'Espagne. "L'hiver a été particulièrement mauvais, le beau temps est arrivé avec le Covid... RTE en plus, ça commence à faire beaucoup", fulmine le patron pêcheur.
 

Il est 10H15.
Les bateaux de pêche restent à bonne distance du navire de prospection. Des gerbes de fleurs et des fumigènes sont alors lancés par les pêcheurs au pied du bateau Geo Ocean IV, "symboliquement pour dénoncer la mort à venir de la pêche en baie de Saint-Brieuc si ce projet de parc éolien voit le jour. Ce lundi, c'est une opération dissuasion dans l’espoir de les faire partir", reconnait Grégory Métayer, "pour nous c'est le début d’un bras de fer ".

Après deux heures et demie de ce bras de fer naval, la Préfecture Maritime a demandé au Geo Ocean IV de rentrer au port de Saint-Malo. De quoi calmer le jeu et les esprits. 

Demain mardi, une rencontre est programmée en Préfecture des Côtes d'Armor. Autour de la table sont attendus des représentants de l'Etat, de RTE, d'Ailes Marines et des pêcheurs.

Après le bras de fer, place à la joute verbale.

 

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