Le navire qui réalisait des opérations de forage sur le chantier du parc éolien en baie de Saint-Brieuc a rejeté de l'huile en mer suite à un incident mécanique. Une tâche constatée sur 16 km de long. Certains remettent en cause les chiffres avancés sur la quantité déversée.
L'Aeolus, navire en charge des forages et des travaux préparatoires sur le chantier du parc éolien en baie de Saint-Brieuc a rejeté 100 litres d'huile en mer le 14 juin. A la suite de cet incident, des moyens ont été engagés pour lutter contre la pollution. Ce mardi soir, la préfecture maritime indiquait que cette dernière se dispersait naturellement, écartant un risque de pollution terrestre. La zone restait toutefois sous surveillance.
Plusieurs voix se sont élevées, pour dénoncer, selon elles, un manque de cohérence entre la quantité de rejet annoncée soit 100 litres et le périmètre de la pollution. La nappe faisait 16 km de long sur 3,3 kilomètres de large.
Une nappe de 16 km en mer avec 100 litres d huile cela interpelle, cela semble incohérent. Il faut mener des investigations. Cela rappelle les 500 litres de #digestat de #méthanisation dans l Aulne l année dernière qui étaient en fait 500 m3. Ces accidents sont toujours minimisés https://t.co/dXHfBDBjDT
— Pierre Aurousseau (@p_aurousseau) June 15, 2021
Une pollution remarquée avant
"Ils se moquent de nous, il y a plus que ça, je pense que ça dure depuis au moins le 28 mai. J'ai pris des photos ici sur la plage. Il y a des poissons morts. Il y avait déjà de l'huile à ce moment-là. C'est du poison", rapporte Henri Labbé, le maire d'Erquy.
Un scepticisme partagé par les pêcheurs. "La pollution qui est visuelle à ce jour, on la dénonce depuis plus de 15 jours, on a des boules de graisse qui se promènent sur le sable. En mer, des collègues m'ont rapporté que les filets étaient de plus en plus gras", souligne Julien Tréhorel, patron-pêcheur à Erquy.
Contacté, Nicolas Tamic, adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE) souligne que les chiffres correspondent. "On est sur une épaisseur de quelques microns. C'est le phénomène de la tâche d'huile : c'est impressionnant car ça prend beaucoup de place, une faible quantité se répand énormément. Dans les faits, 100 litres cela correspond bien avec les 16 km de long. Il faut aussi se dire que 100 litres ce n'est pas une grosse quantité, par rapport au 220 000 tonnes de l'Amoco Cadiz."
La très grande visibilité de l'huile s'explique aussi par le temps qu'il faisait, avec une mer très calme. "Les particules d'huile étaient solidarisées entre elles, provoquant un bloc homogène", précise la préfecture maritime.
Ce mercredi, la gendarmerie maritime a transmis au CEDRE les prélèvements réalisés sur place. Des premiers résultats sont attendus au bout de 24 heures. Il faudra attendre une semaine pour déterminer le coefficient de biodégradation de l'huile et ses conséquences sur le milieu.
L'Aeolus a de son côté quitté les lieux indique la préfecture maritime. Il fait route vers les Pays-Bas, port d'attache de son armateur.