Jeudi 18 et vendredi 19 janvier, les surveillants de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc ont bloqué l’accès à l’établissement. Un mouvement qui s’inscrit dans la mobilisation nationale des prisons pour dénoncer les problèmes de sécurité et de surpopulation carcérale.
181 détenus pour 83 places soit un taux d’occupation de 240%... Les surveillants de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc ont bloqué l’accès à la prison pour dénoncer la surpopulation carcérale qui nuit à leurs conditions de travail et favorise l’insécurité.Les parloirs, les livraisons de nourriture et les intervenants médicaux et judiciaires ont été bloqués jeudi 18 et vendredi 19 janvier. N’ayant pas le droit de grève, les surveillants grévistes ont pris sur leurs congés ou leur temps de repos pour venir protester devant la maison d’arrêt.
3 détenus dans une cellule de 9m²
Tous dénoncent la surpopulation carcérale qui impacte leurs condition de travail. Laetitia Noiville du syndicat FO explique comment ils en sont arrivés là: “Au niveau de la direction régionale on nous compte 202 lits mais on a pas 202 places d’hébergement. On a 83 places théoriques si on s’en tient à un détenu par cellule, or aujourd’hui on est à 181 détenus.” Résultat: un troisième lit superposé a dû être rajouté dans des cellules de 9m²... “La personne qui est sur le lit d’en haut ne peut même pas se tenir assise !”, s’indigne Laetitia Noiville.
Intervenants : Stéphane Robuchon, surveillant pénitentiaire à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc (syndicat UFAP Unsa) / Laetitia Noiville, surveillante pénitentiaire à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc (syndicat FO Pénitentiaire).
Reportage : Jean-Marc Seigner, Jean-Michel Piron.
Au quotidien, cette surpopulation crée de l’insécurité, comme l’explique la surveillante : “Ca génère de la promiscuité, des tensions... Maintenant quand il y a un problème de cohabitation, on est tellement restreints qu’on a pas les moyens de faire des changements de cellule correctement.” Stéphane Mobuchon (syndicat UFAP UNSa) poursuit, “tous les jours on est agressé verbalement”. Récemment, deux agressions physiques ont eu lieu dans le quartier de semi-liberté.
Tous les employés de la maison d’arrêt se sont mobilisés. “Ils en ont tous marre”, avoue Stéphane Mobuchon. Ce dernier envisage de reprendre le blocage dès lundi prochain.
Un ras-le-bol national
La mobilisation des Briochins découle du mouvement national des surveillants pénitentiaires après une série d’agressions de détenus dans plusieurs prisons en France. La dernière en date est survenue ce vendredi à la prison de Borgo en Corse. Deux gardiens ont été agressés à l’arme blanche par trois détenus. L’un des surveillant est grièvement blessé.
Agression à la prison de Borgo: le détenu était "signalé et radicalisé", dénonce Stéphane Canuti pour FO Pénitentiaire ➡https://t.co/Xw1ExM1qmD pic.twitter.com/wzOTyIrTXg
— France 3 Corse (@FTViaStella) January 19, 2018
Cet incident a suspendu temporairement les négociations entamées depuis mardi 16 janvier entre la direction de l'administration pénitentiaire et les syndicats UFAP-UNSa et CGT Pénitentiaire. Les discussions envisagent une meilleure reconnaissance du métier de surveillant et les effectifs, une amélioration de la sécurité et une prise en charge de la radicalisation.
Les syndicats se disent prêt à poursuivre la mobilisation dans les jours qui viennent.