Particulièrement concernés par la pénibilité au travail, les professionnels du bâtiment participent eux aussi à la mobilisation contre la réforme des retraites. À leurs côtés, dans le cortège de manifestants à Saint-Brieuc ce jeudi 23 mars, des salariés et des cadres de la Capeb 22 sont eux aussi en grève.
Avant cette mobilisation contre la réforme des retraites, Jean-François Rual n’avait jamais manifesté. Artisan sableur depuis bientôt 30 ans, à son compte, il dit lui-même qu’il ne s’était même "jamais posé la question" de la grève, tant pour lui, "le travail fait partie de la vie".
Lorsque nous le rencontrons, sur le chantier sur lequel il travaille en ce moment près de Saint-Brieuc, des sacs de sable sont entassés dans son camion. "Là vous voyez derrière moi j’ai des sacs qui pèsent 25 kg", raconte l’artisan. "Au fil du temps je m’aperçois qu’ils font toujours 25 kg, mais que je les trouve de plus en plus lourds", poursuit-il.
Problèmes de dos et de bras
Après toutes ces années à travailler dehors, par tous les temps, avec un corps qui vieillit et qui le fait de plus en plus souffrir, il a bien du mal à s’imaginer travailler deux ans de plus. Déjà à 57 ans, ses problèmes de dos et de bras le ralentissent dans son travail. "Et tu te dis qu’il reste encore cinq ou six ans à travailler !", souffle Jean-François, qui devra partir à la retraite plus tard que prévu.
Le sableur aimerait que la pénibilité des métiers de l’artisanat soit davantage reconnue. Dans le cortège de manifestants qu’il a rejoint ce jeudi 23 mars à Saint-Brieuc, bien d'autres artisans partagent ses revendications.
Patrons et employés du bâtiment côte à côte dans la manifestation
C’est assez rare pour être souligné, dans le cortège à Saint-Brieuc, on a même compté des employés et des cadres de la Capeb 22, première organisation professionnelle du bâtiment. La Capeb 22 avait en effet appelé les artisans du département des Côtes-d’Armor à rester mobilisés après l’emploi du 49.3 par le gouvernement le jeudi 16 mars. Dans un communiqué, l’organisation apportait alors son soutien à "toutes les initiatives, individuelles et collectives" contre la réforme des retraites y compris les actions de "débrayage, fermeture, grève, etc".
Pour Jean-François Rual, la présence de la CAPEB 22, des patrons et des salariés du bâtiment dans le cortège à Saint-Brieuc, est salutaire. "Je trouve ça intéressant, parce qu’on est tous dans le même bateau finalement", observe-t-il.
Côte-à-côte, ils font face ensemble au gouvernement et à Emmanuel Macron. Le comportement du président cristallise l’agacement de Jean-François Rual et de ses pairs. Il a regardé l’intervention télévisée du chef d’Etat français hier, mercredi 22 mars. Pour lui, "Macron nous prend pour des débiles", alors "même si niveau organisation c’est pas toujours facile d’aller en manif" pour l’auto-entrepreneur, "ça m’a remotivé à y aller pour dire non, on n’en veut pas de cette réforme".
Avec Jean-Marc Seigner