Le BMX, que l'on appelait aussi Bi-cross il y a encore quelques années, compte une trentaine de clubs en Bretagne. Aujourd'hui, ce sport connaît un renouveau chez les jeunes. Le club de Saint-Brieuc a formé plusieurs champions mais il aimerait permettre à plus de pilotes de tenter une carrière professionnelle.
La course de BMX, a été inventée aux Etats-Unis dans les années 70 par des jeunes qui n'avaient pas les moyens de faire du moto-cross. Les maîtres mots ? Aller vite, très vite et se relancer au pied de la bosse.
En Bretagne, le club de Saint-Brieuc a formé quelques champions, parmi ses 140 membres avec de bons résultats depuis une douzaine d'années. Il veut désormais pousser davantage de jeunes vers le haut niveau.
Parmi les jeunes talents, c'est Arthur Pilard qui ouvre la voie. Âgé de 25 ans, le Vannetais formé à Saint-Brieuc a été sacré Champion d'Europe cet été en Belgique. Il travaille désormais pour une sélection aux Jeux Olympiques de Paris. S'il a pu rejoindre le pôle France qui s'entraîne en région parisienne, c'est grâce à son club, Saint-Brieuc qui le salarie pour qu'il puisse poursuivre sa carrière. Il fait preuve de sens pratique et ne se leurre pas. "On ne se repose pas sur nos lauriers, on essaie de trouver des moyens et on a un peu plus la notion de l'argent. Finalement comme on n'est pas beaucoup payés, on sait ce que vaut un euro. Nous on touche le SMIC, ça va pas plus haut". Il ne se plaint pas, au contraire, et juge son expérience formatrice.
Ce que j'aime c'est l'adrénaline et le fait que tout peut se jouer sur un tour
Théo Thouin, pratiquant de BMX
Théo Thouin a aussi gagné son ticket pour tenter une carrière professionnelle. Il vient de rejoindre le centre de formation Creps de Bordeaux, après avoir été repéré par un entraîneur pendant la Coupe du monde à Bogota en Colombie. "J'ai décidé de me lancer à 100% dans le vélo. Là je reviens de blessure et je profite de la période hivernale pour préparer la saison 2022". Pas simple de trouver les infrastructures, peu de pôles spécialisés existent comme à Saint-Quentin-en-Yvelines, Troyes...
Pour les filles, le parcours se complique. Elles sont seulement une vingtaine à Saint-Brieuc. Et passer professionnel apparaît comme un rêve lointain. "C'est mon objectif, je travaille pour, j'ai encore plusieurs années devant moi pour ça. Mais on n'est peu médiatisées, on n'est pas beaucoup et on n'est pas reconnues. Parfois on se sent inférieures, mises à la trappe", analyse Charlotte Morot. Pour l'instant, en plus des entraînements, elle s'est trouvée un emploi au vélodrome national dans les Yvelines.
Un sport délaissé
Se projeter au-delà de la section sport étude proposée par le club et un lycée partenaire, c'est tout l'enjeu aux yeux d'Eric Thouin, le directeur du club. Il dénonce une injustice par rapport au cyclisme sur route. Il constate au quotidien les efforts fournis par le milieu. "Les jeunes passent un temps fou à pratiquer. Il faut aussi voir les parents qui se sacrifient pour les envoyer en sport étude à l'internat, ça fait des frais colossaux. Il y a aussi beaucoup de bénévoles qui travaillent autour... Et il ne se passe rien. On ne les emmène nulle part si ce n'est dans une impasse".
L'idée serait de monter, avec l'aide de sponsors, une équipe professionnelle. Et pour commencer, il faudrait une piste d'entraînement adaptée. Le projet est soumis à la ville de Saint-Brieuc. Mais avec quels moyens ? "La grande question c'est le financement partagé, vous aurez des institutionnels comme la ville, l'agglo, le département, vous aurez aussi des partenaires privés pour de tels projets. Voilà, c'est tous ces gens-là qu'il faut trouver. Il faut élargir la recherche de partenaires", relève Thierry Stiefvater, adjoint en charge du sport pour la commune de Saint-Brieuc. Une telle piste coûterait 400 000 euros.
Eric Thouin se donne deux ans pour bâtir cette équipe professionnelle. Tous espèrent obtenir encore plus de visibilité pour leur sport "spectaculaire et dynamique". Les championnats du monde de BMX auront lieu à Nantes l'été prochain et attireront peut-être les regards.